Castelnau-le-Lez : un budget de fin de mandat sous tension ?

Castelnau-le-Lez Conseil municipal 20 octobre 2025 - Photo - Jean-Philippe Vallespir
Castelnau-le-Lez Conseil municipal 20 octobre 2025 - Photo - Jean-Philippe Vallespir

Le rapport d’orientation budgétaire (ROB) 2026 présenté au conseil municipal du 20 octobre se veut rassurant. Baisse de la taxe foncière, désendettement, maintien des investissements… Sur le papier, tout semble sous contrôle. Mais à la lecture des chiffres et des interventions d’opposition, ce document trace surtout le portrait d’une commune au seuil de tension financière, où chaque nouvelle dépense grignote un peu plus les marges de manœuvre futures.

En revanche si l’on en croit ce ROB : « la Ville aborde l’exercice budgétaire 2026 en bénéficiant d’une situation financière exceptionnelle ». Alors est-il question de foi ou de marketing politique ? Plutôt, une « belle histoire » qui ne convainc pas. « Si on écoute ce qui nous a été donné comme information, on pourrait croire que tout est rassurant : un désendettement, une fiscalité réduite, beaucoup d’efficacité. Enfin, c’est une belle histoire. Mais la réalité est différente », a lancé Richard Corvaisier, élu écologiste d’opposition et chef de file du mouvement ici et ensemble Castelnau.

Pour lui, ce ROB typique de fin de mandat masque une absence de vision d’ensemble : « On approche des trente mille habitants et les besoins explosent : crèches, écoles, voirie, espaces publics… mais on ne retrouve presque rien dans la copie que vous présentez. » L’élu écologiste pointe un indicateur inquiétant : « près de 23 % des crédits 2025 non consommés, soit plus de 11,7 millions d’euros reportés ». « Ce n’est pas de la gestion prudente, c’est une incapacité à mettre en œuvre les projets votés », tacle-t-il. Puis il ajoute, ironique : « On se désendette, oui, mais parce qu’on n’investit plus. Heureusement qu’on rembourse la dette, sinon les Castelnauviens ne comprendraient pas ! »

Une baisse d’impôts jugée électoraliste

Le signal politique fort du ROB 2026 est la baisse de 2,83 % du taux de taxe foncière, de 54,11 % à 52,58 %. Une mesure présentée comme un « effort exceptionnel » pour alléger la charge des ménages, mais que les oppositions dénoncent unanimement comme une opération de communication préélectorale.

Pour Richard Corvaisier : « la symbolique baisse de la taxe foncière, ne compense en rien la hausse exceptionnelle de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) votée en 2024 à la Métropole par Messieurs Miro et Laforgue. » Plus direct l’élu d’opposition ajoute :« la fiscalité ne fait pas un programme. C’est un outil au service d’un projet pour Castelnau. Et aujourd’hui nous constatons que la majorité sortante n’a aucun projet répondant aux besoins des habitants. »

« Cette baisse est ridicule par son montant et ridicule par son opportunisme », estime François Brothier, Observatoire de Castelnau. « Vous aviez promis en 2020 de baisser la taxe foncière, vous ne le faites qu’à la veille des élections. » Rigoureux, cet élu proche de Julien Miro illustre son propos : « sur le mandat, la taxe foncière a augmenté de 25 %. Pour un appartement de 40 m², cela représente +242 euros. La baisse annoncée n’en rend que 18. Pour une maison de 150 m², +668 euros, et seulement 50 euros de baisse. À ce rythme, il faudrait treize ans pour revenir au niveau de 2020. »

Même constat du côté de Carine Barbier élue d’opposition Ensemble pour Castelnau, qui rappelle le cadre légal : « une diminution du taux de la taxe foncière est une “mesure nouvelle” à l’avantage des électeurs, donc assimilable à une propagande électorale en période préélectorale. » Elle invite le maire à « renoncer à cette mesure s’il est candidat en 2026 ».

Des dépenses structurelles en forte hausse

Derrière les effets d’annonce, le ROB fait apparaître des charges de fonctionnement en forte tension. La masse salariale bondira de 9 % pour atteindre 19,6 millions d’euros en 2026. Une hausse alimentée par la refonte du RIFSEEP ( régime indemnitaire des fonctionnaires de l’État) , la hausse de la cotisation CNRACL (Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales) +3 points, la création d’une 5e brigade de police municipale, et l’ouverture de la crèche La Ruche. Les charges à caractère général progresseront d’au moins 1,5 million d’euros, malgré quelques économies liées à l’autoconsommation électrique du Palais des sports.

Autrement dit, la commune entre dans une phase où chaque ouverture d’équipement ou revalorisation salariale réduit mécaniquement la capacité d’autofinancement. Le ROB prévoit ainsi une épargne brute en recul de 1,2 million d’euros et un produit fiscal en baisse de 283 000 euros, du fait de la baisse des taux.

Une trajectoire fragilisée ?

Dans sa conclusion, le rapport met en avant une « situation financière exceptionnelle » et un « niveau d’endettement soutenable ». Mais la lecture des indicateurs montre une marge étroite : 10 millions d’euros d’investissements prévus pour 2026, un autofinancement limité à 2 millions et un emprunt d’équilibre de 5 millions.

« Avec aussi peu de perspectives, ce n’est plus un débat d’orientation budgétaire, c’est un budget en pilotage automatique », résume Richard Corvaisier. Pour François Brothier, « ce rapport ne présente pas d’intérêt : la majorité n’a jamais respecté ses précédents engagements budgétaires. Il traduit surtout la fin d’un cycle ».

Le mot de fin du maire Frédéric Lafforgue, après avoir donné la parole à Thierry Dewintre et acté qu’il y a eu débat, sera « Rendez-vous pour le vote du budget le 8 décembre. » Reste une réalité, le budget 2026 clôt un mandat où la communication sur la bonne gestion prend le pas sur une vision clairement partagée de l’intérêt général.

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