Comment libérer la ville de l’extrême droite, quelle qu’en soit la déclinaison ? La réponse n’est manifestement pas dans le camp des baronnies régionales et/ou départementales qui distribuent les mandats et les subventions au gré d’alliances à géométrie variable et de promesses sans cesse reniées, mais plus sûrement avec celles et ceux qui pensent que les clés du changement sont dans la fidélité aux engagements programmatiques et entre les mains des classes populaires jusqu’à présent tenues à l’écart de la chose publique.
Les militants et militant.es de LFI ont décidé de poursuivre leur propre dynamique pour « reprendre la ville à Robert Ménard et offrir une alternative populaire », annonce Magali Crozier, candidate de la Nupes, puis du Nouveau Front Populaire, aux deux dernières élections législatives.
Des mesures fortes de solidarité
Béziers est en effet l’une des villes les plus pauvres de France, explique Magali Crozier « 52% des enfants de moins de 11 ans vivent dans un ménage en situation de pauvreté. » Une situation alarmante qui appelle des mesures fortes de solidarité. Est-ce pour cacher cette triste réalité que l’actuel maire multiplie les provocations sur fond raciste ? « Robert Ménard instrumentalise la laïcité pour diviser. En mélangeant sans cesse religion et politique, il bafoue un équilibre essentiel au vivre ensemble. »
« Le premier des services publics, c’est la mairie » Maryse Launais
« Pendant ce temps, l’abandon des services publics, la pauvreté, le mal-logement continuent d’alimenter les tensions sociales. » Pour Maryse Launais, ardente défenderesse des services publics, « le premier des services publics, c’est la mairie. C’est pour cela qu’il faut la rendre aux habitants de Béziers » et remettre en régie la gestion des biens communs que sont l’eau, les transports, la cantine promet l’insoumise. Elle rappelle la démarche d’élaboration du programme, pour et avec les citoyen·nes, déjà entamée par des ateliers et par de nombreuses rencontres.
Réparer la fraternité
Autre exigence du positionnement de la France Insoumise : être clair vis-à-vis du gouvernement Bayrou qui vient de prendre 2,3 milliards d’euros aux collectivités. « On ne peut d’un côté laisser passer ce budget à l’Assemblée nationale et de l’autre, venir verser des larmes de crocodile comme le fait Mesquida, » souligne Christophe Benoit, syndicaliste enseignant. « Il faut un minimum de cohérence », ajoute-t-il. Pour ensuite affirmer : « nous ne serons pas des élus qui se cachent derrière des excuses ».
« Il est urgent de proposer une alternative populaire et républicaine pour la ville, » insiste la jeune militante Wissal El Jarrari. « Derrière son discours de bonne gestion et son braquage de communication, la réalité est différente. Ménard dépense beaucoup pour l’image de la ville, mais il abandonne ses habitants. » Pour cette future candidate, la discrimination, c’est bien le leitmotiv des deux mandats de Robert Ménard : discrimination contre les personnes d’origine immigrée, contre les pauvres, contre les quartiers populaires abandonnés à eux-mêmes. « Nous défendrons une ville inclusive qui protège, soigne et garantit des conditions de vie dignes pour toutes et tous », affirme Magali Crozier, déterminée à « créer une dynamique pour que le maximum d’associations et de citoyens s’unisse ».
La force de la France insoumise à Béziers est « la co-construction d’un projet municipal réellement ancré dans les besoins de la population. » Pour cette équipe, la priorité des priorités est de « réparer la fraternité » dans une ville traumatisée par la crise économique et sociale et fracturée par les opérations idéologiques de son maire. La ville de Béziers doit pourvoir vivre dignement l’après-Ménard.
Un drôle de printemps
Cette conférence de presse des Insoumis·es intervient une semaine jour pour jour après le lancement du « Printemps Biterrois », amalgame d’un florilège d’étiquettes de partis et micro-partis avec des élu·es de EELV, PC, PRG, de Place Publique et de Picardie Debout. Les statuts et règlements de cette association excluent de fait les Insoumis·es puisqu’un de ses articles interdit à ses membres de participer à des initiatives ou manifestations ayant trait aux questions internationales.
La démarche initiée par le « Printemps Biterrois » – qui évoque furieusement le fameux « Printemps Républicain », tout en s’arrogeant le code couleur du Nouveau Front Populaire ! -, s’inscrit dans une tendance nationale consistant à tenter de revenir partout où cela est possible à «la gauche historique», c’est à dire, de l’aveu même de ses instigateurs, la gauche d’avant la création de la France Insoumise, une gauche sans elle. Mais comment penser raisonnablement créer « l’espoir à gauche » en en écartant la colonne vertébrale, celle qui l’a sauvée du naufrage hollandiste et qui a permis après les présidentielles de 2022 la constitution de la Nupes puis du NFP ? Les printemps de la citoyenneté sont toujours faits d’insoumission.
Pour l’instant en stand-by, le PS de Béziers ne sait pas encore où placer ses pions. Sauf à considérer que Florence Brutus PRG vice-présidente du conseil régional en est un au service de Carole Delga, ou comme le maire de Colombiers récemment socialiste. En revanche, Thierry Mathieu, entre autres président d’Hérault Transport, avance en éclaireur avec « Rassembler Béziers », un mouvement dit sans étiquette.
De son côté, le RN affiche son ambition de se débarrasser de son parasite Robert Ménard comme il l’a fait avec sa femme à l’Assemblée nationale.
