François Bayrou, fraîchement nommé Premier ministre, a accordé une interview à BFM-TV ce lundi soir, pour définir les contours de son gouvernement et ses priorités. Mais l’image la plus surréaliste en cette semaine de Noël était sans aucun doute, Alexis Kohler mis en examen pour « prise illégale d’intérêts » qui annonce un gouvernement de revenants.
Borne, Darmanin, Valls, le retour !
Le Premier ministre, déjà très fragilisé sans gouvernement, le sera-t-il encore plus avec un gouvernement de revenants ? François Bayrou ou l’art d’être déconnecté du réel a tenté de mettre en avant « un collectif d’expérience », qui va « renouer la confiance avec tous les Français ». Un gouvernement marqué par le retour d’Élisabeth Borne, de Manuel Valls et de Gérald Darmanin. Malgré l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, le patron du MoDem s’est dit « persuadé » que son gouvernement et l’action qu’il entend mener éviteront une censure.
Persuadé ? Oui, mais pas courageux. Il a précisé qu’il ne solliciterait pas la confiance de l’Assemblée lors de sa déclaration de politique générale prévue le 14 janvier 2025.
Un parti protestataire, mais pas d’extrême droite
En revanche, sa conviction d’éviter la censure ne réside pas dans la qualité de son programme, mais bien dans l’allégeance faite à Marine Le Pen. Le locataire de Matignon a refusé de qualifier le RN de parti d’extrême droite et trouve une nouveauté linguistique en disant de ce parti « qu’il est protestataire. » Il a même poussé le vice jusqu’à dénoncer la « démarche violente » de Xavier Bertrand, qui avait refusé d’intégrer une équipe composée « avec l’aval de Marine Le Pen ».
Sur le plan économique, François Bayrou garde la foi et souhaite atteindre un équilibre autour des 5 %, de déficit public pour 2025, pensant être capable de maîtrise budgétaire.
Quid de la réforme des retraites ? Il a refusé de la suspendre, et propose de rouvrir une discussion sur le sujet pendant une période de six à neuf mois. Bref ! Un cas pratique d’immobilisme politique très centriste.
Question immigration, le choix d’un Retailleau devrait suffire, le Premier ministre a exprimé son opposition à une « grande loi » pour lui ce n’est que de la com’. Il va traiter les problèmes « un par un », y compris par des propositions de loi émanant des assemblées. Donc si l’on suit sa logique : des petites lois. Il a également évoqué une « mise en tension avec les pays qui refusent de réadmettre leurs ressortissants » qui ont obligation de quitter le territoire français. La pratique devrait permettre de comprendre toute l’efficacité ou pas de la « mise en tension » à la Bayrou.
Le refus de solliciter la confiance des députés sera perçu comme un manque de considération pour le processus démocratique et une volonté de gouverner sans légitimité parlementaire. Une posture qui risque de voir ce nouveau squatteur de Matignon se faire expulser avant la fin de la trêve hivernale.
