Rencontre avec quatre député·es nationaux et européens insoumis·es à l’Espace Pitot, jeudi 3 juillet. Au programme : du local à l’international, comment faire face à la vague réactionnaire qui s’attaque à tous les droits sociaux, à la paix et à la planète ?
Un débat animé par Livia Jampy, co-cheffe de file LFI pour les élections municipales à Montpellier, dans une ambiance détendue entre jeunes élu·es qui partagent déjà tant d’expériences et de combats. Nathalie Oziol députée de l’Hérault et Arash Saeidi, député au parlement européen, étaient par exemple ensemble à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale pour défendre la motion demandant l’arrêt des relations commerciales avec Israël et l’application du mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou, motion rejetée par le vote conjoint des macronistes et du RN. La veille, la députée insoumise tenait une conférence de presse avec ses co-chef·fes de fil pour rappeler qu’à Montpellier, c’est le programme de rupture porté par la France Insoumise qui a rassemblé aux trois dernières élections le plus grand nombre d’électeur·trices et que les deux député·es insoumis·es, contrairement à d’autres, sont resté·es fidèles au programme sur lequel iels ont été élu·es en 2022 et réélu·es en 2024.
Promesses tenues par les ex-candidat·es
Il y a un peu plus d’un an, dans le cadre de la campagne des Européennes, quatre candidat·es de la liste LFI conduite par Manon Aubry étaient venu·es tenir meeting à Frontignan. Iels avaient fait la promesse de revenir devant les électeur·trices faire le bilan de leur première année de mandat si iels étaient élu·es. Pari tenu, sur les quatre, 3 ont été élu·es. Dans le cadre de cette démarche peu usitée à l’échelon du parlement européen de rendre compte de ses activités, Arash Saeidi et Emma Fourreau sont donc revenu·es en terres héraultaises, soulignant l’impact important des décisions européennes sur notre vie.
Arash Saeidi a averti combien la priorité accordée à l’armement allait peser sur la renégociation de la PAC (politique agricole commune) tandis que la concurrence s’aiguise avec l’ouverture du marché au MERCOSUR et que diminuent les aides à l’agriculture bio et durable. Côté commission des transports, les député·es du groupe The Left s’opposent à la facturation des bagages dans le transport aérien, considérant qu’une telle mesure sera ensuite appliquée au transport ferroviaire ( bien qu’il le soit déjà dans les Ouigo). Enfin, ce sont ses racines iraniennes qui ont poussé le jeune député “qui ne sera jamais invité sur un plateau télé” pour clamer qu’on n’impose pas la démocratie par les bombes et que c’est au peuple iranien de décider lui-même de son régime.
Emma Fourreau quant à elle était très imprégnée de sa participation à l’imposante Gay Pride de Budapest interdite par Orban et de sa visite d’un centre d’IVG en Pologne où celui-ci est interdit et où la répression s’abat férocement sur celles qui se battent au péril de leur vie pour garantir le droit de disposer de son corps. Elle a insisté sur la nécessité de construire une Internationale progressiste face à l’internationale fasciste qui progresse sur tous les continents.
Mais c’est vis-vis de l’extrême-droite israélienne qu’elle a réservé les mots les plus forts “Face à la lâcheté de nos gouvernements et à la complicité des médias y compris publics qui reprennent textuellement la propagande d’une armée et d’un gouvernement génocidaire, il faut en parler tous les jours, dire la réalité de ce qui se passe chaque jour à Gaza”. Et de citer comme dernier exemple : “ Les Palestiniens essayent de chercher de la nourriture pour leur famille et ils se prennent des balles dans la tête. On parle de 4000 blessés et 500 personnes tuées juste lors des opérations de distribution alimentaires”. Rappelant que l’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël, elle constate que l’Union « continue d’alimenter un état génocidaire”.
Pour une écologie populaire et sociale
Canicule, loi Duplomb surnommée “pesticide & agrobusiness”, moratoire sur les ZFE, grands projets routiers, rail en concurrence déloyale : tou·tes les député·es ont abordé les questions écologiques sous des angles multiples et concrets comme le plan canicule présenté par LFI avec 5 propositions de loi adoptables tout de suite.
Pour Nathalie Oziol, “inaugurer une fontaine et planter quelques arbres dans des pots, ça fait une belle carte postale, mais pas une bonne politique”, en tous cas pas à la hauteur des enjeux “ + 1,5 degré d’augmentation, ce n’est plus une prévision, mais un fait acquis qui appelle une planification ambitieuse. » Emma Fourreau l’a bien démontré, chiffres de surmortalité à l’appui, “l’écologie, c’est une question de classe parce que les personnes qui souffrent le plus aujourd’hui de la canicule, ce sont les personnes les plus pauvres”. Elle cite l’aberration d’une consigne du gouvernement pour faire face à la canicule “louer un logement plus frais pour quelques jours si on en a les moyens” tandis que les pauvres étouffent dans les 5,2 millions de passoires thermiques à la rénovation desquels les budgets ont été réduits de moitié.
C’est la même discrimination sociale qui est à l’œuvre dans les ZFE sur lesquelles Sylvain Carrière est revenu longuement, indiquant qu’elles sont souhaitables, mais pas acceptables sans alternative, puisque de très nombreux foyers, « notamment dans notre département, n’ont pas accès à des transports en commun et que les foyers les plus modestes n’ont pas les moyens d’acheter des véhicules neufs. »
Pour la macronie, la droite et l’extrême droite, il y a un modèle unique d’aménagement avec notamment 55 projets autoroutiers, mais malheureusement aussi d’agriculture, intensive et productiviste, qui sonne la mort du vivant et dont les paysans sont les premières victimes. “ça fait plusieurs décennies que ce modèle ne fonctionne pas, qu’il nous mène dans le mur, mais avec la loi Duplomb, ils continuent”. Il y aurait même confie le député héraultais “la tentative de rouvrir la directive nitrate”.
En matière d’écologie, souvent on pense que des petites mesurettes, comme l’inauguration d’un tronçon de piste cyclable “c’est mieux que rien, mais à la fin, c’est rien” remarque Sylvain Carrière dont le travail sérieux au sein de plusieurs commissions le pousse à constater “ la ministre de l’Écologie a montré sa parfaite inefficacité depuis 5 ans où tout empire au contraire sous les pressions du RN”, ”le ministre des Transports est un “pro-voiture” à tout crin… « il n’y a rien à attendre d’eux. Il va y avoir des élections, il faut tous les foutre dehors” conclut-il en écho à ses collègues dont la ligne de conduite et de force s’impose en mosaïque « ne jamais trahir ses convictions », « tenir bon même quand le rapport de force est difficile », « mobiliser les citoyen·nes » et « partout, bloquer la normalisation des discours racistes et sexistes ».
