[TRIBUNE] À Lunel, la colère monte. Ce ne sont pas des slogans ou des postures idéologiques, mais des faits, tangibles, enracinés dans une inquiétude partagée.
Hier encore, la mobilisation contre le permis de construire un immeuble de 86 logements et un parking de 140 places avenue Louis Abric a donné chair à ce malaise. Oui, notre ville a besoin de logements sociaux. Mais à quel prix ? Et pour qui ?
Un second immeuble est déjà prévu, sur un parc arboré de 3 000 m². À nouveau, on bétonne. On rase. On asphalte. Faut-il opposer solidarité et écologie ? Non. Ce sont les deux piliers d’une ville vivable. Or, ce projet semble n’incarner ni l’une ni l’autre. Les riverains ne s’y trompent pas. Ils s’interrogent : que restera-t-il des arbres centenaires, de cette source, de cette biodiversité ? Qui prendra la responsabilité des crues accentuées par l’imperméabilisation des sols ? Et comment absorber les centaines de véhicules supplémentaires alors que la voirie locale est déjà saturée ?
Ce projet n’est pas isolé. C’est un symptôme. Plus de 120 hectares de terres agricoles ou arborées sont aujourd’hui menacés à Lunel. Des hectares qui pourraient être les remparts de notre ville face aux canicules, à l’effondrement écologique et à la dépendance alimentaire. Mais que fait la municipalité ? Rien, ou si peu.
Car oui, la mairie a des leviers. Elle pourrait sanctuariser des zones dans le PLU, imposer des toits végétalisés, encourager les mobilités actives, mettre en place de vraies mesures de compensation. Au lieu de cela, c’est le silence. L’absence de concertation. L’opacité !
Il faut le dire : la majorité actuelle, élue avec à peine 3 284 voix sur plus de 17 800 inscrits – soit 18 % de la population – agit sans mandat clair. Avec 59 % d’abstention, on ne gouverne pas à coups de bulldozers. Monsieur le maire, la ville n’est pas un parti à vos ordres !
Le slogan de Pierre Soujol en 2020 « Mon parti c’est Lunel » masque une politique d’un autre temps, où le béton l’emporte sur le vivant, où la ville se fait sans ses habitants.
Il semble prioritaire de faire un moratoire sur toute destruction d’espaces naturels, de faire une consultation citoyenne sincère, et de proposer une réorientation écologique de l’urbanisme. Lunel n’a pas vocation à devenir une ville-dortoir surchauffée, congestionnée et déshumanisée. Elle peut redevenir un modèle de territoire équilibré, solidaire et résilient.
Encore faut-il avoir le courage de l’imaginer. Et de l’exiger.
