Hérault, le SNUDI-FO alerte : austérité, inclusion forcée, pressions hiérarchiques

Sabine Raynaud, secrétaire SNUDI-FO 34 et Corentin Maltret trésorier - Photo - Jean-Philippe Vallespir
Sabine Raynaud, secrétaire SNUDI-FO 34 et Corentin Maltret trésorier - Photo - Jean-Philippe Vallespir

Mardi 10 juin, à Montpellier, le SNUDI-FO 34 a organisé une conférence de presse pour alerter sur une situation inquiétante dans les écoles publiques du département.

Une initiative qui s’inscrit dans un appel national du Comité des écoles mobilisées, les 10 et 11 juin, alors que les fermetures de classes se multiplient dans le silence relatif du rectorat et face à une mobilisation locale encore timide, malgré un mot d’ordre fort : « Arrachons les moyens nécessaires pour l’école publique ! »

Carte scolaire : une balance faussée, 35 classes supprimées

Malgré une dotation académique positive de cinq postes pour l’Hérault, la réalité est toute autre. Selon Sabine Raynaud, secrétaire départementale du SNUDI-FO 34, cette dotation masque un jeu de vases communicants, même s’il a des ouvertures les fermetures de classes sont supérieures : « le solde, c’est moins 35 classes ». En éducation prioritaire, la situation est bien pire : « 3 ouvertures pour 24 fermetures ». La justification avancée par la direction académique ? Une baisse de 518 élèves. « Si on rapporte cette baisse aux 607 écoles du département, cela représente moins d’un élève par école. C’est un prétexte », insiste Sabine Raynaud.

Autre point d’accroche : le remplacement. En 2023, 19 216 journées d’enseignement n’ont pas été assurées, faute de remplaçants. « C’est l’équivalent d’un mois d’école perdu par établissement », dénonce la responsable syndicale. Et aucun poste n’est prévu pour les Réseaux d’aides spécialisées (RASED), alors même que 2 postes de psychologues scolaires sont vacants.

Inclusion systématique : un système à bout de souffle

La situation des élèves en situation de handicap est désastreuse. « Il y a 117 élèves qui ont une notification pour une ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire), mais aucune place », indique Sabine Raynaud. Même constat pour les 566 enfants du département qui disposent d’une notification d’orientation en établissement médico-social (IME, ITEP), mais scolarisés dans des classes ordinaires ou totalement déscolarisés. À l’échelle nationale, ils sont 24 000.

« Cette politique d’inclusion est maltraitante », lâche directement la secrétaire départementale du SNUDI-FO. En cause, la mise en place des PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) qui mutualisent les AESH et réduisent leurs heures auprès des élèves. « Elles suivent désormais trois à dix enfants chacune, avec 900 à 1000 euros par mois, sans perspective de titularisation. »

Quatre écoles en lutte dans l’Hérault

Malgré une mobilisation modeste dans le département, plusieurs écoles tentent de résister. À Paul-Bert (Sète), une classe ULIS est menacée alors que la baisse d’effectif n’est que de 5 élèves. À Jean-Vilar (Clermont-l’Hérault), les parents dénoncent une fermeture dans un quartier prioritaire déjà frappé par la précarité. Même scénario à Lodève et à Montblanc, pour des baisses de 7 et 4 élèves. Partout, les mêmes inquiétudes : surcharge des classes, baisse du suivi individuel, explosion des difficultés scolaires.

Vers un été de tensions ?

Le prochain CSA départemental, prévu le 24 juin, devrait entériner les ajustements de la carte scolaire. Le SNUDI-FO 34 entend maintenir la pression et mobiliser, même modestement, parents et personnels. « Nous sommes muselés dans les écoles. Alors cette conférence de presse, c’est pour dire la vérité », conclut Sabine Raynaud.

Une enseignante sanctionnée pour une minute de silence

Le SNUDI-FO 34 a aussi exprimé sa solidarité avec une professeure de lycée sanctionnée à Sens. Son tort ? Avoir accepté d’organiser, à la demande de ses élèves, une minute de silence en hommage aux victimes du génocide à Gaza. « Elle l’a fait après son cours, pour ceux qui le souhaitaient. C’était un geste d’humanité, pas un acte politique », défend Sabine Raynaud. La sanction (un blâme) a été confirmée par le rectorat et soutenue par la ministre Élisabeth Borne au nom de la neutralité. « Or, jamais cette neutralité n’est invoquée quand on nous impose des minutes de silence pour d’autres drames. C’est le silence face au génocide qui n’est pas neutre », insiste la responsable syndicale, qui dénonce une répression croissante à l’égard des enseignants solidaires des enfants de Gaza. SNUDI-FO exige la levée des sanctions et salue les actions des dockers de Fos-sur-Mer, Gênes et Anvers qui refusent de charger des armes à destination d’Israël.

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