Les Écologistes du Lunellois montent au créneau contre l’aménagement du Mas de Fourques. Ce mardi 27 mai, ils ont tenu une conférence de presse à Lunel pour annoncer le dépôt d’un recours gracieux auprès de la mairie. Objectif : s’opposer au projet de construction d’une nouvelle gendarmerie sur cinq hectares de terres agricoles du Mas de Fourques, propriété des descendants de Jean Hugo.
Ce projet, attribué à FDI Habitat, SNC IP2T – FDI Promotion et ICADE Promotion, prévoit également des aménagements routiers, dont un rond-point sur la D24, menaçant plus de 10 arbres protégés à proximité du tracé envisagé pour le « Chemin Jean Hugo », un projet culturel européen.
Un projet jugé opaque et destructeur
Raphaël Valette, co-secrétaire Les Écologistes du Lunellois, dénonce un manque de transparence : « nous avons déposé un recours gracieux, car la mairie ne nous donnait aucune information. Ce projet est absurde : les terres concernées sont exploitées par un fermier, les artificialiser, c’est priver la commune d’une ressource agricole locale. Oui, des locaux décents sont nécessaires pour les gendarmes, mais pourquoi détruire ces terres ? Pourquoi ne pas agrandir ou rénover l’existant, alors que les agriculteurs subissent déjà une forte pression foncière ? »
Conséquences environnementales majeures
Les écologistes dénoncent l’artificialisation de près de cinq hectares qui s’ajoutent aux autres projets d’artificialisation portés par la mairie et l’agglomération, la destruction de platanes centenaires sans autorisation et les risques accrus d’inondations liés à l’imperméabilisation des sols. Raphaël Valette alerte encore : « à l’heure où la loi Duplomb s’apprête à autoriser des produits nocifs pour la santé et l’environnement, sous prétexte d’aider les agriculteurs, on détruit massivement et sans état d’âme l’outil principal : la terre. Quelle hypocrisie ! »
Une réglementation et un contexte en évolution
Lise Florès, porte-parole des écologistes, rappelle : « depuis le dépôt du projet en 2022, la réglementation et la situation ont évolué. Depuis 2023, la loi encadre strictement les alignements d’arbres par exemple. Nous avons aussi aujourd’hui tous conscience des difficultés grandissantes des agriculteurs, des problèmes de pollution et de raréfaction de l’eau. Nous Les Écologistes demandons à la municipalité de saisir à nouveau la mission régionale MRAE pour obtenir un avis objectif et actualisé sur ce projet. »
Des alternatives pour un avenir local
Plutôt que de sacrifier des terres agricoles, Les Écologistes proposent de les valoriser pour des emplois locaux non délocalisables, dans une commune où le chômage dépasse la moyenne départementale. Ils suggèrent aussi de sensibiliser la jeunesse à la biodiversité et aux métiers agricoles, en profitant de la proximité des établissements scolaires. À ce sujet, Jean Richter propose : « on devrait créer des fermes pédagogiques, à l’image des “Jardins de Cocagne”, avec un espace social et de transformation des produits agricoles, en lien avec le collège Victor Hugo et le lycée Ambrussum avec peut-être de nouvelles filières de formation. »
Un enjeu patrimonial et sanitaire, 120 hectares menacés
Les arbres menacés d’abattage représentent un double enjeu : patrimonial et sanitaire, tout en favorisant la biodiversité. Lise Florès souligne : « En dix ans, environ 300 hectares de terres agricoles ont déjà été artificialisés à Lunel. Les projets en cours (Mas de Fourques, ZAC du Mas de Bagai et des portes du Dardaillon, contournement de la 113) menacent plus de 120 hectares supplémentaires. L’ampleur de ces surfaces rend urgente la transparence sur les études d’impact et les évaluations environnementales et la consultation de la population sur le projet de territoire. »
Le débat est lancé : quel modèle de société pour Lunel et sa jeunesse ? Les Écologistes appellent à un choix de société, fondé sur la préservation des terres et la transparence des décisions locales.
