Montpellier veut éradiquer les bidonvilles en dix ans

Conférence de presse convention partenariale sur la stratégie de résorption des bidonvilles - Photo - JPV PLURIELLE INFO
Conférence de presse convention partenariale sur la stratégie de résorption des bidonvilles - Photo - JPV PLURIELLE INFO

La Ville de Montpellier et l’État s’engagent à résorber l’ensemble des bidonvilles et squats d’ici 2035.

Une convention a été signée ce lundi par le maire Michaël Delafosse et le préfet François-Xavier Lauch, avec pour objectif le relogement durable et l’accompagnement social de toutes les personnes concernées, estimées à environ 600. « On veut qu’il n’y ait plus de bidonvilles dans dix ans, » affirme le préfet de l’Hérault, lors de la conférence de presse du 5 mai 2025. Montpellier « ne fera pas l’autruche. » C’est en substance le message donné par le maire pour la résorption des bidonvilles qui ajoutera : « le squat n’est pas la norme. »

« Ici, on retrousse ses manches »

Le maire et président de la métropole a tenu a rappeler que Montpellier « assume son devoir de solidarité » avec plus de 25 % de logements sociaux, au-delà des exigences de la loi SRU. Une performance notable, selon lui, avant de lancer en forme de mise en garde à d’autres collectivités plus récalcitrantes : « j’invite tout le monde à respecter la loi. »

Pour l’heure la municipalité cède l’ancienne auberge de jeunesse à la Fondation pour le logement. Ce lieu aura pas vocation de « reconstruire un parcours résidentiel, un parcours de l’emploi, pour pouvoir retrouver un chemin de dignité. » Michaël Delafosse a aussi voulu préciser : « on ne passe pas devant dans la file du logement social parce qu’on sort d’un bidonville. » Et en bon politicien, il appelle déjà à se « méfier de tous les populistes qui veulent opposer les uns aux autres ».

Fier du modèle montpelliérain, il affirme : « si tout le monde faisait comme à Montpellier, il y aurait moins de problèmes ». Et face aux risques sanitaires ou à l’absence de scolarisation, il explique : « la pire des choses, c’est de faire l’autruche. Ici, on retrousse ses manches. C’est dur, très dur, mais nous avançons. »

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Un plan d’action bien plus puissant

Ce plan ambitieux et bien plus réaliste que la simple idée présidentielle de ne plus vouloir « personne dans la rue d’ici la fin de l’année » s’appuie sur l’expérience du village de transition de La Rauze, où 105 personnes ont déjà été relogées de manière pérenne après le démantèlement du camp de Celleneuve. Cette première phase a représenté un investissement global de 3 millions d’euros, partagé entre la mairie (pour les infrastructures) et l’État (pour les frais de fonctionnement). François-Xavier Lauch a reconnu que le succès de La Rauze justifiait cette montée en puissance : « On recommence, non pas à puissance égale, mais à puissance trois ou quatre. »

Ne pas s’habituer à l’inacceptable

Sylvie Chamvoux, directrice de l’agence Occitanie de la Fondation pour le logement des défavorisés a salué une « volonté partagée d’avancer ensemble » pour répondre de manière durable à la crise du logement, et faire face aux situations dramatiques dans les 13 bidonvilles de Montpellier. Sylvie Chamvoux insiste sur la nécessité de ne pas s’habituer à l’inacceptable : des familles, souvent discriminées et invisibilisées, qui vivent sans eau ni électricité, dans des conditions d’extrême précarité. La scolarisation des enfants, l’accès aux soins, les gestes du quotidien y sont rendus presque impossibles.

Une première étape concrète débutera en juin avec l’accueil de 35 personnes dans l’ancienne auberge de jeunesse de la rue des écoles laïques, réaménagée par l’association Quatorze. La fondation pour le logement des défavorisés (ex-fondation abbé-pierre) pilote le projet avec le soutien financier de l’État, à hauteur d’un million d’euros par an sur 10 ans.

En échange, des engagements fermes sont posés : les habitants devront quitter les terrains évacués une fois relogés, aucun nouveau bidonville ne sera toléré, et le séjour dans les centres temporaires ne devra pas excéder 24 mois, pour permettre une rotation continue des publics relogés.

L’initiative semble vouloir inciter l’ensemble des communes de la métropole à s’impliquer. Le prochain campement appelé à être résorbé se situe avenue de Maurin, où vivent environ 70 personnes.

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