Drame de la Grande-Combe : Une minute de silence plutôt fracassante

Minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé - Photo - AN
Minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé - Photo - AN

La présidente de l’Assemblée nationale avait repoussé mardi matin la demande de tous les groupes placés sous l’égide du Nouveau Front Populaire (NFP) d’interrompre la séance pour accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé au motif que l’Assemblée ne l’aurait jamais fait « pour des cas individuels »… avant d’exécuter un rapide rétropédalage.

Au cours d’une conférence de presse, le co-président de la commission des Finances Eric Coquerel l’a démenti en rappelant qu’une minute de silence avait été organisée pour Mireille Knoll, victime d’un meurtre antisémite et pour le lieutenant Arnaud Beltrame, victime d’un islamiste, comme pour bien d’autres « cas individuels ». A cette conférence, Thomas Portes avait livré son espoir de la faire revenir sur sa décision.

En début d’après-midi, la Présidente Yaël Braun-Pivet est revenue sur sa décision et l’a signifié sur le réseau X par un message qui révèle l’état d’esprit de ce revirement  : « J’ai décidé que soit observée une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé, dont le lâche assassinat dans une mosquée du Gard a bouleversé le pays. Aucun consensus n’était apparu ce matin en conférence des présidents. J’ai échangé depuis avec certains présidents de groupe. Face à l’émotion légitime et compte tenu de l’ignoble instrumentalisation faite par certains de sa mort, j’ai souhaité que nous puissions saluer tout à l’heure sa mémoire. Sobrement et dignement. »

Ainsi donc, ce qui est « ignoble » pour la présidente de l’Assemblée nationale, ce n’est pas l’assassinat d’un jeune croyant – assassinat qui est seulement « lâche » – mais l’expression au sein de la représentation nationale des réactions d’une nation qui réalise le niveau atteint par l’islamophobie dans notre pays.

Celle qui se faisait prendre en photo avec Eric Ciotti et Meyer Habib en octobre 2023 dans un camp de l’armée israélienne reconnue aujourd’hui instrument d’un génocide, et qui avait organisé en novembre une manifestation contre l’antisémitisme permettant à tout ce que l’extrême droite compte de racistes et d’antisémites de venir s’acheter une virginité politique, voit dans cette demande d’accorder une minute de silence pour une victime de l’islamophobie une « ignoble instrumentalisation ».

Les termes de sa capitulation devant l’émotion qui grandit face à un « deux poids deux mesures  » si manifeste, offrent encore une fois la triste démonstration, sans dignité ni ambiguïté, de la réalité d’un climat islamophobe entretenu au plus haut niveau de l’État.

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