Cette semaine, l’ignominie s’appelle Wauquiez

Laurent Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Laurent Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Désolée cher Bruno Retailleau, cette semaine c’est Laurent Wauquiez qui remporte la médaille de la déclaration la plus ignoble. Le Lépine de la médiocrité. Vous ferez pire la prochaine fois, je sais que vous en êtes capable.

Avant toute chose chers lecteurs, sachez que Wauquiez est agrégé d’histoire donc lorsqu’il déclare vouloir « enfermer les étrangers dangereux sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon » : il sait exactement à quels événements historiques et quelle idéologie renvoie sa déclaration.

La déclaration de Wauquiez fait directement référence aux colonies pénitentiaires. Une déportation vers un bagne situé en Outre mer comme les tristement célèbres bagnes de Cayenne (Guyane) et de Nouvelle-Calédonie où furent déportés des dizaines de milliers de personnes démunies jugées coupables de vols, de vagabondage ou de prostitution voire même des prisonniers politiques.

Pour prendre des exemples récents, Wauquiez propose donc un Guantanamo à la Française. Guantanamo, qui je le rappelle, est mis en cause pour crimes contre l’humanité. Wauquiez, lui, préfère l’exemple australien de l’île de Nauru qui au mépris des lois internationales et des Droits humains a détenu jusqu’à 1 200 femmes, hommes et enfants venant de pays en guerre et en proie à la misère tels que l’Iran, l’Irak, le Pakistan, la Somalie, le Bangladesh, le Koweït et l’Afghanistan et qui ont vécu dans des conditions effroyables dans ce camp de détention.

En plaçant dans la même phrase les mots « étranger » « dangereux » et « OQTF « , Wauquiez insinue donc que chacun de ses mots est intrinsèquement lié, comme indissociables. Comme le rappelle Ἰωναθάνος χαλκεύς : le décret-loi de Daladier du 12 novembre 1938 prévoit l’internement des « indésirables étrangers ». On a ici la même association des notions d’étrangers, de situation illégale, de rejet social et politique, et d’enfermement.

Et Wauquiez ne peut ignorer que c’est précisément la création de ces camps pour étrangers sur le sol français fin 1938 qui a permis ensuite à Vichy d’être aussi terriblement efficace dans ses politiques de déportation.

Un racisme bien assumé. Selon lui, « l’étranger dangereux » mérite un traitement d’exception à contrario d’un repris de justice dit « de souche ». Une hiérarchisation du crime et du délit en fonction de l’origine ethnique et de la nationalité : c’est du suprémacisme, c’est contraire à l’État de Droit et c’est aussi une violation flagrante des Droits humains.

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