Au cœur du quartier Croix d’Argent à Montpellier, ce mardi 8 avril 2025, près de 150 personnes ont répondu à l’appel de la CGT ADAGES 34 et de SUD Santé Sociaux pour défendre les centres sociaux menacés de fermeture, énième conséquence des coupes budgétaires.
Les centres sociaux de l’Espace Famille ADAGES – Croix d’Argent et Sabines à Montpellier, Devèze à Béziers – sont au bord du précipice. En cause : un déficit financier qui menace leur existence d’ici la fin de l’année. À la Croix d’Argent, l’inquiétude est d’autant plus vive que le quartier vient tout juste d’être intégré aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Un statut censé renforcer les moyens là où la situation continue pourtant de se détériorer.
120 témoignages d’usagers affichés
Dès l’arrivée, le ton de la mobilisation est donné. Sur les grilles de l’Espace Famille, 120 témoignages d’usager·es sont affichés, rappelant à quel point ce lieu compte pour les habitant·es. Boissons et mets partagés rappellent l’hospitalité familière du lieu. Et surtout, les récits fusent.
« Des collégiens en décrochage scolaire sont accueillis ici, réinsérés par des activités », explique un professeur du collège Croix d’Argent. Une autre enseignante, Virginie Durant, témoigne avec émotion : « Il y a quelques mois, on célébrait les 20 ans du centre. Aujourd’hui, on apprend que sa vocation sociale pourrait disparaître. Et pourtant, la précarité ne cesse de s’aggraver : cette année, plus de 65 % des élèves sont boursiers. Le centre joue un rôle essentiel dans l’accompagnement numérique et administratif, notamment pour des familles qui, faute de savoir comment procéder, renoncent même à demander les aides auxquelles elles ont droit. »
Un lieu de mixité et de reconstruction
Au fil des discussions, le portrait d’un lieu indispensable se dessine : ateliers de couture, cours de yoga, danse, espace jeux pour les aînés, spectacles de fin d’année, médiation familiale, soutien administratif… Loin d’être un simple centre d’animation, l’Espace Famille incarne un lien vital entre services, associations et habitants.
« Ce n’est pas un service isolé, on travaille en transversalité », insiste une salariée. « Si le centre ferme, c’est toute une dynamique qui s’effondre. » Le centre social de La Croix d’Argent emploie 12 personnes et mobilise 13 bénévoles, « ils font un travail de dingue pour compenser les manques de la municipalité. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 200 adolescents, 250 familles et 350 personnes soutenues dans leurs droits pourraient se retrouver sans accompagnement. Au total, ce sont 24 postes menacés sur les trois centres sociaux.
« La seule solution viable, c’est un engagement financier plus fort », explique une syndicaliste CGT qui souligne l’urgence d’un sursaut des institutions pour préserver ces lieux essentiels. Dans la foule, les voix s’élèvent avec ferveur : « On veut garder notre centre social ! », « Solidarité avec les centres sociaux ! ». Il s’agit maintenant de savoir si les décideurs entendront cet appel.
Absent·es, mais interpellé·es
« C’est honteux, aucun élu·e ne s’est déplacé·e », déplore un manifestant. Si la question du maintien des centres est avant tout politique, l’absence d’élu·es a été vivement critiquée par la foule. « Dès que vous pouvez, interpellez les élus départementaux, municipaux, les députés, la préfecture, la CAF », lance l’intersyndicale. Seule exception, la présence d’une attachée parlementaire de la députée Nathalie Oziol, venue recueillir les revendications. « On y arrivera si on fait pression tous ensemble », assure un militant, évoquant des victoires similaires obtenues récemment grâce à la mobilisation.
Le rassemblement s’est conclu sur une déclaration empreinte de lassitude adressée aux pouvoirs publics. Comme le rappelait un syndicaliste : « Dans d’autres centres, ils ont réussi à obtenir le maintien de leur budget. Nous, on ne demande même pas ça, tout ce qu’on veut, c’est un budget minimum pour fonctionner. »
