Pansements, solutés de perfusion, pacemakers, médicaments⊠tous ces produits sont indispensables pour les patients. Déjà lors de la crise COVID, les pénuries avaient lourdement pesé sur le bon fonctionnement des hÎpitaux et plus globalement du systÚme de santé. Nous avions alors vu Emmanuel Macron nous faire des promesses sur la relocalisation en France de la production de médicaments et de matériel médical.
Cinq ans plus tard, aucune avancĂ©e nâa Ă©tĂ© faite et la situation sâest mĂȘme aggravĂ©e. Ainsi, en 2024, plus de 50 % des mĂ©dicaments dits essentiels ont fait lâobjet de signalements de ruptures ou de risques de rupture. En ce qui concerne les dispositifs mĂ©dicaux*, prĂšs de 150 ont Ă©tĂ© signalĂ©s en pĂ©nurie auprĂšs des autoritĂ©s sanitaires. Il sâagit lĂ de produits consommables, mais aussi dâĂ©quipements spĂ©cialisĂ©s et mĂȘme des piĂšces dĂ©tachĂ©es. Devant cette situation scandaleuse, le nouveau plan du gouvernement annoncĂ© il y a quelques jours ne sâattaque pas aux vrais problĂšmes et propose de « mener une cartographie des risques au sein des Ă©tablissements en 2025 ou 2026 ». Bref, on se contente dâobserver la dĂ©gradation de la situation.
Les causes de la pénurie sont connues
Or les causes sont connues. En ce qui concerne les mĂ©dicaments, on observe la vente de ses usines situĂ©es en France par SANOFI avec un fort risque sur leur avenir alors que cette entreprise a bĂ©nĂ©ficiĂ© de subventions de lâĂtat pour soi-disant relocaliser des productions en France. Plus scandaleux est lâarrĂȘt de commercialisation de mĂ©dicaments anciens pour rĂ©orienter vers des mĂ©dicaments nouveaux, rarement vĂ©ritablement innovants, mais toujours plus chers. Il faut aussi signaler le cynisme du syndicat des industriels du mĂ©dicament qui exerce un chantage Ă lâaugmentation des prix jugĂ©s trop bas avec la menace de fournir les pays qui paient plus chers au dĂ©triment de la France.
Pour les dispositifs mĂ©dicaux, alors quâil existerait un plan de rĂ©industrialisation, on constate un dĂ©clin du nombre dâentreprises avec des fabricants qui quittent la France pour se relocaliser dans des pays oĂč ils pourront gĂ©nĂ©rer de plus fortes marges bĂ©nĂ©ficiaires. Pour se justifier, les industriels nous servent de nouveau « la hausse des coĂ»ts rĂ©glementaires », ce qui signifie quâils veulent soit continuer Ă polluer en France sans sanction, soit aller polluer ailleurs, mais pouvoir rĂ©importer les produits en France sans barriĂšre.
Pour un pÎle public du médicament et des produits de santé
Dans le mĂȘme temps, la Chine, dont nous sommes trĂšs dĂ©pendants pour la production des principes actifs des mĂ©dicaments, impose pour les Ă©tablissements publics un approvisionnement local Ă hauteur de 70 % et subventionne ses fabricants nationaux pour quâils soient compĂ©titifs. Face Ă cette situation, il est urgent que soit mise en Ćuvre une vĂ©ritable politique de sĂ©curisation de la disponibilitĂ© de lâensemble des produits nĂ©cessaires pour un bon fonctionnement de notre systĂšme de santĂ©. Cela passe par la mise en place dâun pĂŽle public du mĂ©dicament et des produits de santĂ© et de barriĂšres tarifaires dissuasives pour empĂȘcher lâimportation de productions Ă bas coĂ»t ne respectant pas les normes de sĂ©curitĂ© environnementale et la sĂ©curitĂ© des travailleurs.
*Dispositifs MĂ©dicaux (DM) : catĂ©gories rĂ©glementaires de produits de santĂ© ( ex : instruments, appareils, Ă©quipements, rĂ©actifs, matiĂšres ou tout autre article destinĂ©s Ă ĂȘtre utilisĂ©s Ă des fins mĂ©dicales)
