Federico Aramburú, trois ans après : l’assassinat d’un rugbyman argentin révèle les dérives de l’ultradroite française

Affaire Federico Martín Aramburú - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO
Affaire Federico Martín Aramburú - Photo - LAB_ PLURIELLE INFO

Paris le 19 mars 2022, 3 ans déjà, la capitale était le théâtre d’un drame qui a secoué le monde du rugby et au-delà. Federico Martín Aramburú, ancien international argentin, était abattu boulevard Saint-Germain.

Ce meurtre a impliqué des militants d’extrême droite, et a démontré les dangers persistants de l’idéologie néonazie en France. Cette nuit-là, Aramburú, âgé de 42 ans, se trouvait en compagnie de son ami et ancien coéquipier, le Néo-Zélandais Shaun Hegarty. Les deux hommes, de passage à Paris pour assister au match France-Angleterre du Tournoi des Six Nations, dînaient dans un bar du 6ᵉ arrondissement.

Selon les témoignages, une altercation a éclaté avec deux autres clients, Loïk Le Priol et Romain Bouvier, connus pour leur appartenance à l’ultradroite française. La dispute, initialement verbale, dégénéra en une violente bagarre. Séparés par le personnel de l’établissement, les deux groupes quittent les lieux.

Cependant, quelques instants plus tard, Le Priol et Bouvier reviennent armés et tirent à plusieurs reprises sur Federico Martín Aramburú, qui est touché mortellement. Loïk Le Priol, principal suspect, est une figure bien connue des milieux d’extrême droite. Ancien militaire des forces spéciales, il avait déjà été impliqué dans des affaires de violence. En 2015, il avait participé au passage à tabac d’un ancien dirigeant du Groupe Union Défense (GUD), un groupuscule néofasciste. Cette agression lui avait valu une condamnation à deux ans de prison ferme en 2022. Son complice présumé, Romain Bouvier, également membre du GUD, avait été condamné à trois ans de prison ferme pour les mêmes faits.

Trois ans après, la famille Aramburú attend toujours que justice soit rendue

Après le meurtre Federico Martín Aramburú, une chasse à l’homme internationale est lancée. Le Priol a été arrêté en Hongrie, près de la frontière ukrainienne, alors qu’il tentait de fuir. Romain Bouvier a, quant à lui, été interpellé en France. Les deux hommes ont été mis en examen pour assassinat et placés en détention provisoire.

Le meurtre de Federico Martín Aramburú a suscité une grande émotion dans le monde du rugby et au-delà. Ancien centre ou ailier, il avait porté les couleurs de Biarritz, Perpignan et Dax en France, et comptait 22 sélections avec l’équipe nationale argentine. Depuis sa retraite sportive, il vivait à Biarritz et travaillait dans le secteur du tourisme.

Trois ans après les faits, la famille Aramburú attend toujours que justice soit rendue. En octobre 2024, les juges d’instruction ont ordonné que Le Priol et Bouvier soient jugés par la cour d’assises de Paris pour assassinat. Le procès, dont la date n’a pas encore été fixée, sera l’occasion de rappeler les dangers que représentent les idéologies extrême droite.

Darmanin muet

En mars 2022, Gérald Darmanin était le ministre de l’Intérieur en fonction. Selon les informations disponibles, il n’a pas publiquement réagi à l’assassinat de Federico Martín Aramburú. Cette absence de réaction a été critiquée par certains observateurs, lors de la soirée de lancement de l’Observatoire National de l’Extrême Droite en mars 2025, où il a été souligné que le ministre n’avait pas commenté cet événement tragique.

De son côté, la mère de Federico Martín Aramburú a exprimé sa préoccupation concernant la montée de l’idéologie d’extrême droite en France et son rôle potentiel dans la mort de son fils.

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