Trump : Un mafieux à la Maison-Blanche ?

Donald Trump Volodymyr Zelensky - Photo - Screen Live COM Maison-Blanche
Donald Trump Volodymyr Zelensky - Photo - Screen Live COM Maison-Blanche

L’échange filmé entre Donald Trump, son vice-président J.D. Vance et Volodymyr Zelensky révèle plus qu’un simple désaccord diplomatique. Il affiche une mutation brutale de la politique étrangère américaine, désormais dictée par un homme qui joue le parrain mafieux, et qui se croit encore dans un show TV.

Chez Trump, la loyauté s’achète et la reconnaissance est exigée comme un tribut. Le 28 février 2025, ce n’est pas une nouvelle téléréalité, c’est le réel, Trump déroule sa vision de la diplomatie : un jeu de force où le respect ne s’obtient que par la crainte et la transaction, « vous voulez que je sois dur ? Je pourrais être plus dur que n’importe quel être humain que vous n’ayez jamais vu », déclare-t-il.

C’est un avertissement d’un chef de cartel plus que celui d’un chef d’État. Face à lui, Zelensky plaide pour son pays, l’Ukraine. Mais au lieu d’un dialogue d’égal à égal, il se heurte à une rhétorique humiliante. « Avez-vous dit merci une seule fois ? » l’interroge Vance, pour mettre de cette façon la souveraineté ukrainienne au rang d’une faveur à rembourser. Se serait-il permis une telle question à Netanyahu alors que les USA ont donné à Israël depuis sa création environ 130 milliards dans la défense et l’armement et viennent d’approuver la livraison de 3 milliards de dollars de munitions, de kits de guidage et de bulldozers à Israël ?

Le président ukrainien l’aura compris, les États-Unis de Trump ne sont plus un allié stratégique, mais un parrain à qui il faut rendre hommage. Le discours de l’administration américaine oscille entre menaces, transactions et mépris.  Ce qui place le reste du monde face à une réalité : l’Amérique trumpienne ne fait même plus semblant de défendre les libertés, mais dévoile crûment ce qu’on sait depuis des lustres, à savoir qu’elle ne se préoccupe que de ses propres intérêts.

USA : La protection ne s’obtient plus par le droit, mais par la servilité

Ce tournant inquiétant ne concerne pas seulement l’Ukraine. L’Europe, jusqu’ici partenaire indéfectible et docile des États-Unis, est avertie, voire indirectement visée. En qualifiant l’aide militaire et financière à Kiev de « cadeau » d’un « stupide président Biden », Trump affirme qu’il ne voit plus les engagements internationaux comme des obligations stratégiques, mais comme des transactions à toujours reconsidérer en fonction des intérêts américains du moment. Son show dans le bureau ovale laisse entrevoir un probable désengagement, qui mettra l’Europe face à une réalité inédite : elle ne peut plus compter sur le soutien automatique de Washington.

Ce mépris pour les engagements pris n’est pas anodin. Si Washington se retire de la guerre en Ukraine, que deviendront les autres alliances ? L’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, 1949) est-elle encore un pacte sérieux ou une dette que Trump compte faire payer à ses partenaires ? Ce qui réduirait les rapports internationaux à cette maxime : la protection ne s’obtient plus par le droit, mais par la servilité.

Donald Trump ne veut pas résoudre les conflits, il veut les monnayer. N’a-t-il pas déjà largement bénéficié des sanctions économiques infligées à la Russie en écoulant en Europe son pétrole et son gaz de schiste ? Mais ça ne lui suffit pas, il voudrait aussi préempter les minerais ukrainiens. « Il va être très difficile de faire des affaires comme ça », lance-t-il à la face de Volodymyr Zelensky. Comme un parrain devant un débiteur insolvable. Le message est flippant : dans l’Amérique de Trump, l’alliance est une dette et l’ingratitude se paye cher.

Il ne lui manquait dans cette séquence télé que la batte de baseball de Robert De Niro incarnant Al Capone dans le film de Brian De Palma The Untouchables. Donald le parrain de l’Amérique, Trump le parrain du monde, un monde sans foi ni loi ? Contrairement aux apparences, on n’assiste pas à la dérive individuelle d’un homme rustre et brutal, mais à celle d’un système tout entier. Comme le dit Roberto Saviano « aujourd’hui, le capitalisme est complètement mafieux, avec les mêmes règles que les organisations criminelles« 

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