La grenade dégoupillée en juin par Macron n’a pas eu l’effet escompté : malgré le renfort d’une partie de la droite, le RN n’a pas obtenu de majorité, le pays s’étant mobilisé comme jamais, d’abord en faveur d’une union de la gauche sur un programme de rupture et dans le même mouvement pour faire barrage à l’extrême droite.
Il est une autre grenade qui se prépare, celle-là pour tenter de rebooster le RN et de faire exploser le Nouveau Front Populaire (dont certaines composantes hélas sont à l’affût du moindre prétexte pour retourner à leurs vieilles lunes de la gauche « raisonnable », de « gouvernement » à la sauce hollandaise).
Les médias des neuf milliardaires et leurs supplétifs des chaines et radios dites-publiques se relayent pour rendre au RN le vernis social et populaire qui s’est écaillé au cours des derniers mois, de Bardella se prosternant devant le Medef ou bafouillant de vagues réponses sur les questions sociales, à ses député·es offrant aux Macronistes la majorité qui leur fait défaut. Ensemble, ils ont contré les propositions du NFP visant à trouver ailleurs que dans les poches des plus modestes et des services publics les 60 milliards manquants au budget, comme l’augmentation des contributions des ultras-riches, la taxation des supers profits des multinationales et la suppression de la hausse de la taxe sur l’électricité.
Alors la grande nouvelle médiatique, c’est que le RN défendrait par une proposition de loi fracassante l’abrogation de la réforme des retraites, lui qui est resté muet pendant la mobilisation contre la réforme Macron et absent de l’assemblée quand ce hold-up sur deux ans de vie passait en force au printemps 2023, muet aussi sur ce sujet pendant la campagne éclair des législatives.
Sylvain Carrière, député insoumis de la 8ème circonscription de l’Hérault dénonce sur les réseaux sociaux le 21 octobre ce qu’il nomme « RN : la grande fraude sociale » :« Hier, ils ont une fois de plus révélé leur vrai visage en REFUSANT [en commission des Affaires sociales] un amendement qui aurait abrogé la réforme des retraites. Pourquoi ? Parce que cela aurait impliqué de faire payer les salaires au-dessus de 7 400€ par mois. Résultat : plutôt que de défendre les travailleurs, ils protègent leurs amis les plus riches ! »

C’est bien là que le bât blesse : La proposition d’abrogation du RN n’est pas financée. Or lorsqu’on demande l’abrogation d’une réforme, on présente un contre-projet, ce que s’abstient de faire le RN qui remet à plus tard, dans une grande confusion, l’équilibre du système par répartition qui dépend , est-il écrit dans son texte « d’autres facteurs, notamment la fiscalité, la démographie, la productivité et l’emploi, qui relèvent de choix politiques. Ces choix politiques pourront être effectués lorsque le Rassemblement National accédera au pouvoir et sera en mesure de mettre en place la réforme globale qu’il propose depuis plusieurs années.» Autrement dit, à la Saint Glinglin ou plus précisément, à la rupture rêvée par le patronat du lien entre cotisations sociales –dont il clame qu’elles sont trop lourdes !- et les retraites, laissant à l’impôt et aux assurances privées le soin de combler le fossé.
Sylvain Carrière enfonce le clou : « Quand le RN prétend être du côté du peuple, rappelez-vous que leurs actes disent le contraire. Leur priorité ? Ménager les grandes fortunes au lieu de réparer les injustices sociales. »
La preuve en est apportée par leurs homologues Européens, de V. Orban à G.Meloni, qui ne cessent de reculer l’âge de départ à la retraite, malgré toutes les belles promesses professées.
Derrière le séduisant et trompeur effet d’annonce de « l’abrogation d’une réforme » rejetée par 70% des Français·es, la proposition du RN n’est rien d’autre en réalité que la poursuite en pire des politiques sociales et économiques de la droite classique ou macroniste.
Partout dans le monde, l’extrême-droite est la béquille d’un capitalisme en crise et à bout de souffle. Poison du racisme pour diviser les peuples et détourner les colères sociales, libéralisme économique à tout crin pour maximiser les profits en détruisant ce qui reste des systèmes de solidarité, climatonégationnisme contre l’écologie, autoritarisme et répression pour juguler tout mouvement de résistance… On connait la triste partition.
Une autre proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites avec son financement sérieux prévu au programme du Nouveau Front Populaire sera présentée par le groupe de la France Insoumise le 28 novembre. Ce projet là, sans mensonge ni embrouille, dans la cohérence des luttes sociales et syndicales, engagera sur le fond du choix de société à opérer, la responsabilité de chaque député.e.
