La séquence entre les deux têtes de liste a pris la forme d’un échange public. Une lettre ouverte de Nathalie Oziol adressée à Jean-Louis Roumégas, suivie d’une réponse tout aussi ouverte du député écologiste.
Derrière les formules et les références communes, c’est une bataille politique qui se joue à quelques semaines des municipales à Montpellier.
Quand 7 et 16% échangent en correspondance publique
Dans sa lettre, Nathalie Oziol affirme : « j’ai toujours dit que j’étais favorable à la constitution d’une liste LFI-EELV ». Elle rappelle les combats partagés, de la lutte contre les projets routiers « COM, LIEN » à la défense de la Cité Bergère, en passant par la critique de la « pratique confiscatoire du pouvoir par le maire actuel ».
Elle insiste sur l’héritage du Nouveau Front populaire et avance une perspective électorale : « unis, nous sommes assurés d’arriver en tête dès le premier tour et de battre Michaël Delafosse ».
La réponse de Jean-Louis Roumégas tranche : « curieuse façon de tendre la main ! », écrit-il, avant de rappeler que « Les Écologistes ont rompu avec la majorité municipale », notamment sur « le projet de l’incinérateur à plastique qui met en danger la santé des Montpelliérains ».
Il met en avant une stratégie déjà engagée autour du Printemps montpelliérain et pointe une contradiction : « notre élu a démissionné. Et c’est ton suppléant, vice-président insoumis de la Métropole, René Revol, venant au secours de Michaël Delafosse, qui porte maintenant ce projet contre l’écologie ».
Au-delà de l’échange, la responsabilité politique de Jean-Louis Roumégas est assumée. Il acte la rupture avec la majorité sortante, en revendique le coût et en fait un marqueur central de campagne. Sur ce point, sa position est cohérente et constante, notamment sur le dossier de l’incinérateur CSR, présenté comme une ligne rouge sanitaire et démocratique.
La démarche de Nathalie Oziol interroge davantage. Intervient-elle à la lumière des rapports de force électoraux évoqués par certains sondages, avec une liste écologiste créditée de 7 % et une dynamique insoumise autour de 16 % ? Cherche-t-elle à consolider une position jugée insuffisante pour l’emporter seule, ou anticipe-t-elle un renversement possible si les 69 % de Montpelliérains qui ignorent la rupture d’EELV avec la majorité municipale en prenaient pleinement conscience ?
La santé publique et le cas Revol
Reste une question, non résolue : celle de la santé publique. Nathalie Oziol fonde son appel à l’union sur les politiques nationales et locales, mais sa lettre reste silencieuse sur la situation précise de René Revol, élu LFI contraint de défendre un projet de CSR alors même que son parti a appelé à un moratoire. Jean-Louis Roumégas, lui, en fait un point de rupture explicite. Des engagements, des éclaircissements et des postures différentes sur la chaudière CSR, pourraient peut-être changer dans les semaines à venir la qualité des échanges entre la France insoumise montpelliéraine et le Printemps montpelliérain.
Cette correspondance entre têtes de liste à Montpellier dévoile moins une querelle de personnes qu’un désaccord sur un élément programmatique essentiel. L’union entre ces deux forces ne semble donc pas exclue, mais suppose la levée d’ambiguïtés persistantes.
L’ indispensable alternative face au macrono-socialisme à Montpellier
L’échange public entre Nathalie Oziol et Jean-Louis Roumégas ne peut être pleinement compris sans un élément de contexte interne chez Les Écologistes, resté jusqu’ici en arrière-plan du débat. À l’issue de leur assemblée générale, dont les votes se sont clôturés le 14 décembre, un courant d’« écologie de rupture » a réaffirmé une ligne politique bien distincte des compromis de gestion à la Delafosse. Cette orientation revendique une écologie municipaliste, sociale et démocratique. Elle assume la rupture avec le macronisme, le Parti socialiste et les logiques libérales, surtout dans leurs déclinaisons municipales.
Pas d’arithmétique électorale, mais une écologie de rupture
Ce positionnement a rassemblé plus d’un quart des suffrages lors du vote interne et permis l’élection de six candidat·es supplémentaires dans le cadre de la nouvelle sélection de la liste portée par le Printemps montpelliérain.
Au-delà des chiffres, il fixe un cap politique revendiqué comme non négociable : démocratie réelle, justice sociale et transition écologique sans concessions sur les quartiers populaires ni sur les droits sociaux.
Dans ce cadre, l’appel à l’union ne se limite plus à une arithmétique électorale. Le courant de rupture écologiste assume de s’adresser directement à La France insoumise, à Cause Commune, au NPA, ainsi qu’aux collectifs et mouvements sociaux, pour construire une alternative indispensable face au macronisme local porté par le socialiste Michaël Delafosse.
Bref ! L’unité n’a de sens que si elle sert une transformation politique réelle, et non une recomposition de façade. Cette donnée éclaire différemment la correspondance entre têtes de liste. Elle renforce la cohérence de la ligne défendue par Jean-Louis Roumégas sur la rupture avec la majorité municipale et sur le dossier du CSR, tout en resserrant la question posée à Nathalie Oziol. L’union est-elle envisagée comme un simple outil électoral ou comme l’aboutissement d’un accord programmatique exigeant ?