L’Assemblée nationale a adopté de justesse le budget 2026 de la Sécurité sociale, par 247 voix contre 234 et 93 abstentions. Ce vote ouvre la voie à un dernier aller-retour avec le Sénat avant une adoption définitive annoncée pour le 16 décembre.

Derrière ce résultat fragile, le bouleversement politique tel que défini par La France insoumise se dessine. Pour Mathilde Panot, ce scrutin « confirme le changement d’alliance du Parti socialiste ». Le groupe socialiste, conduit par Boris Vallaud, avait annoncé son soutien au texte. Selon elle, les socialistes « sauvent Emmanuel Macron » et permettent l’adoption d’un « budget cruel ».

De son côté, Olivier Faure défend un choix « utile » et affirme n’avoir « trahi personne ». Le PS assume ainsi une position de soutien macrono-solférinien, qui les éloigne davantage des forces du NFP. Pour le gouvernement, cette courte victoire devient un argument. Sébastien Lecornu vante un texte « solide, utile, protecteur » et voit dans ce vote la preuve que « le compromis n’est pas un slogan ». Il reproche à certains groupes une opposition « systématique », sans les nommer, visant implicitement La France insoumise et le RN.

La position de la France insoumise, elle, s’inscrit dans une analyse globale du PLFSS. Jean-Luc Mélenchon juge le budget incohérent : « augmenter les dépenses ici, les baisser là sans prévoir de recettes nouvelles » revient à aggraver la crise financière plutôt qu’à la prévenir. Il rappelle que la prévention des maladies chroniques, cause majeure des dépenses sociales, n’est pas renforcée. Pour LFI, l’équation est la suivante : sans nouvelles recettes, qu’il s’agisse de contributions sur le capital, d’une fiscalité plus progressive ou d’une remise à plat des exonérations, aucune trajectoire soutenable n’est possible.

Dans cette lecture, le vote du PS pèse lourd. Il offre une majorité à un texte qui, pour La France insoumise, organise un sous-financement durable de la Sécurité sociale tout en renonçant à toute réforme structurelle des recettes. Le choix socialiste recompose ainsi les équilibres parlementaires : la rupture de fait avec LFI se concrétise, tandis que le gouvernement trouve un appui ponctuel au centre-gauche.

Le débat sur le PLFSS 2026 met au jour deux visions irréconciliables. D’un côté, un budget présenté comme « responsable » malgré ses angles morts. De l’autre, une conception défendue par LFI qui réaffirme la Sécurité sociale comme un pilier collectif nécessitant des financements renforcés et une stratégie de prévention ambitieuse.