À Montpellier, la cité Bergère met à nu l’ambiguïté de la majorité Delafosse

Grégory Fouché, Lucie Mendes, Tony Chavard, collectif Préservons la cité Bergère - Photo - Jean-Philippe Vallespir
Grégory Fouché, Lucie Mendes, Tony Chavard, collectif Préservons la cité Bergère - Photo - Jean-Philippe Vallespir

À quelques jours du dernier conseil municipal avant les élections, le dossier de la cité Bergère revient comme un révélateur embarrassant pour la majorité de Michaël Delafosse.

Le collectif « préservons la cité Bergère » rappelle avec insistance un engagement public datant de 2023 : préserver « 100 % » de cette parcelle agricole située avenue Saint-Lazare. Or le permis de construire découvert en août prévoit une opération immobilière qui détruirait, selon les calculs des membres du collectif, plus de 60 % des terres cultivées.

Où sont les engagements de la majorité Delafosse ?

Depuis quatre mois, la mobilisation ne faiblit pas. La pétition a dépassé les 26 000 signatures. Les habitants ont saisi les élus, manifesté devant le conseil municipal d’octobre et obtenu un rendez-vous avec la mairie et les propriétaires en novembre. Mais aucune réponse claire n’a été apportée sur la tenue des engagements municipaux. « On rappelle simplement la mairie à sa parole », explique Lucie Mendes, membre du collectif. Pour elle, la parcelle représente un patrimoine écologique, social et mémoriel : « une mémoire vivante » qui pourrait incarner « la ville de demain ».

Le collectif dénonce une communication municipale qui annonce préserver « 80 % » du site, alors que la surface réellement exploitable se réduirait, selon lui, à environ 1 800 m², soit moins de la moitié de la parcelle agricole initiale. Les habitants ont consulté des spécialistes en agriculture urbaine : ces surfaces ainsi réduites seraient « impossibles à viabiliser économiquement ».

Un contre-projet : une ferme agricole participative

Face à cette impasse, iels proposent un contre-projet : une ferme agricole participative. Pour cela, un outil existe encore : le droit de préemption urbain. C’est l’objet du vœu déposé par la conseillère municipale Alenka Doulain, soumis au vote du prochain conseil municipal le 11 décembre. « C’est le dernier moment pour que les élus se positionnent », prévient le collectif.

Les tensions portent aussi sur le calendrier. La mairie affirme ne pouvoir préempter qu’une fois la vente officielle et les recours purgés. Les habitants y voient un blocage ambiguë : ils assurent être prêts à lever leurs recours si la ville s’engage formellement à préempter. À ce stade, aucune garantie n’a été donnée. Les propriétaires, eux, ont tranché. Interrogés le 6 novembre, ils auraient refusé l’idée d’une acquisition par la ville au même prix que celui proposé par le promoteur. Leur projet, disent-ils, est défini depuis trois ans, dans le deal serait inclus 9 appartements dans ce futur complexe immobilier.

Le collectif explore même des solutions financières hybrides : levée de fonds, montages coopératifs ou associatifs, participation des habitants. Mais sans décision politique, rien n’avance. « À Montpellier, le droit de préemption a déjà été utilisé », rappelle Grégory Fouché, citant les exemples du parc Clémenceau ou du Pont-Trinquat.

Test de vérité et d’authenticité politique

Le 11 décembre, voté ou rejeté, le vœu de préemption sera comme un test de vérité et d’authenticité politique. D’un côté, un engagement municipal affiché en 2023 avec 100% de la parcelle à préserver et partiellement réaffirmé lors du débat sur le PLUi-Climat, la parcelle passerait à 20% constructibles. De l’autre, un permis de construire signé par la ville, un promoteur déjà actif dans le quartier et un silence persistant du maire depuis la rencontre d’octobre.

Entre ces deux réalités, la majorité de Michaël Delafosse devra clarifier une position devenue impossible à tenir : promettre la préservation intégrale d’une terre agricole tout en laissant avancer un projet qui en détruit l’essentiel. Le collectif parle du « vœu de la dernière chance ». Pour Michaël Delafosse, c’est surtout l’ultime moment d’assumer, ou non, ce qu’il a lui-même annoncé. Une question se pose alors au maire de Montpellier : est-ce que c’est le Far West ici ?

Pour rappel, le 16 octobre, Michaël Delafosse avait brusquement levé la séance du conseil municipal avant l’examen de la proposition d’Alenka Doulain, arguant qu’elle n’avait pas été déposée dans les délais réglementaires. En voulant accélérer la clôture tout en promettant de « revenir » sur le dossier de la cité Bergère, le maire s’était retrouvé en difficulté sur un autre point qu’il avait lui-même ajouté à l’ordre du jour : l’aide aux communes de l’Aude touchées par les incendies. Et cette délibération n’avait pas pu être votée non plus. L’épisode a laissé l’impression d’une majorité soudain peu assurée, comme si le dossier de la cité Bergère révélait une tension inhabituelle au sein du « cube bleu ».

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