« Cette ville doit arrêter de demander aux femmes d’être courageuses », mardi 25 novembre, au Club de la presse, Isabelle Perrein a certainement fait sa meilleure conférence de presse avec comme leitmotiv : mieux protéger les femmes et les enfants à Montpellier.

La candidate qui se définit comme indépendante de tous partis politiques est entrée tôt dans la campagne des municipales pour 2026. En ce mois de novembre et lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Isabelle Perrein confie : « je sais aussi ce que c’est d’être rabaissée en politique parce qu’on est une femme, les sous-entendus, les menaces, les humiliations publiques. » Ainsi, la condescendance à l’égard des femmes semble perdurer dans certains milieux politiques montpelliérains, marqués par des réflexes masculinistes ancrés. Pour Isabelle Perrein, qui ne souhaitera pas, pour l’heure, nommer ces individus intimidateurs, cette culture de la minimisation et de la remise en cause systématique de la parole des femmes demeure un frein structurel à l’égalité dans la vie locale.

Et dans son programme, Isabelle Perrein ne veut plus que la réponse se limite aux discours. Elle place au premier rang l’éducation au genre, de la maternelle à l’université, en partenariat avec les associations et le rectorat. S’appuyant sur la convention d’Istanbul, elle veut garantir à tous les élèves une information sur le consentement, les droits et les peines encourues, mais aussi un travail sur les stéréotypes. Elle annonce aussi la formation de 100% des élus et des agents municipaux au harcèlement, pour mieux repérer les situations à risque et accueillir la parole des victimes.

« L’agresseur dehors, la victime chez elle »

La mesure la plus marquante consistera à renverser la logique actuelle de prise en charge. Isabelle Perrein propose de s’inspirer de dispositifs espagnols qui prévoient l’hébergement des conjoints violents dans des structures dédiées, avec obligation de soins psychologiques : « l’agresseur dehors, la victime chez elle ». Elle plaide pour une ville pilote afin d’intervenir dès les premiers signes de violence et d’éviter d’arracher femmes et enfants à leur domicile. Isabelle Perrein souhaite également faciliter le dépôt de plainte hors des commissariats, dans des lieux perçus comme plus protecteurs, comme les hôpitaux ou les locaux associatifs, en s’appuyant sur des dérogations déjà expérimentées ailleurs.

Soutenir les associations, traiter la précarité

La candidate insiste sur le rôle des associations spécialisées, notamment France Victimes, qu’elle juge sous-financées. Pour elle, le budget municipal de communication devrait être réorienté vers des campagnes de prévention et vers l’accompagnement des victimes.

Isabelle Perrein relie enfin violences et précarité des femmes. Elle s’adresse aux mères isolées et aux salariées à temps partiel pour qui « la précarité est une violence sociale » qui empêche de partir ou de dire non. Ses pistes vont de la création de places de crèche et du soutien aux maisons d’assistantes maternelles à la remise à plat des horaires décalés dans le nettoyage et à la titularisation des métiers féminisés pour sécuriser les revenus. « Une femme qui a un salaire, un temps complet et un mode de garde est une femme libre », affirme-t-elle.

Rendre les femmes visibles, encourager l’engagement

Sur le plan symbolique, mais fortement motivant, Isabelle Perrein veut féminiser les noms de rues et de bâtiments, mettre en avant des figures comme Marie Curie, Simone Veil ou Claudie Haigneré afin que les petites filles puissent « voir des modèles » et se projeter. Elle y voit un levier pour lutter contre l’autocensure des femmes et changer le regard des garçons. Mais aussi comme l’exprime Irène Tolleret députée européenne et soutien d’Isabelle Perrein : « être consciente de la valeur que l’on a !… Ce côté symbolique peut ouvrir des verrous et donner envie aux petites filles d’aller au bout de leurs rêves. »

Mais surtout, la candidate appelle les Montpelliéraines à investir la politique locale, qu’elle présente comme « une démarche de responsabilité ». Et se fixe un cap : faire de Montpellier une ville qui s’engage à réduire de moitié les violences faites aux femmes.