La députée insoumise Aurélie Trouvé à Pézenas : « Pour un nouvel ordre social »

Aurélie Trouvé FIestival à Pézenas - Photo - PLURIELLE INFO
Aurélie Trouvé FIestival à Pézenas - Photo - PLURIELLE INFO

« Certains se réunissent aujourd’hui en Occitanie pour chercher des moyens de réformer le système. Nous, on veut le révolutionner », déclare Aurélie Trouvé en ouverture de son intervention samedi au FIestival à Pézenas aux côtés d’Hadrien Clouet.

Selon la présidente de la commission des Affaires économiques à l’Assemblée nationale, il n’a qu’une solution : soit poursuivre la politique néolibérale en œuvre depuis 40 ans avec son accélération macroniste, soit rompre avec elle, car le système n’est à présent ni amendable ni réformable.

« Toute l’économie est grippée »

Des décennies de néolibéralisme ont conduit non seulement au record de pauvreté, du chômage, mais aussi à celui des défaillances d’entreprise, à la baisse des investissements productifs, à la perte de souveraineté, à la chute de la consommation des ménages et à la productivité en berne. Aurélie Trouvé insiste sur le paradoxe d’un discours officiel pro-entreprises, alors même que les politiques actuelles « fusillent l’activité » et fragilisent le tissu productif. À cela s’ajoute un retard technologique majeur dans de nombreux domaines. Elle dénonce l’incapacité à opérer la bifurcation écologique. Pour exemple, Aurélie Trouvé signale que « la France ne réduit plus ses gaz à effet de serre contrairement à la Chine, l’Inde et même l’Allemagne. Avec les macronistes, nous sommes les derniers des derniers des imbéciles ». Notre pays n’est même pas capable de produire des panneaux photovoltaïques. Elle attribue ce décalage aux choix budgétaires, privilégiant les cadeaux versés sans effet ni contrepartie aux plus riches, au détriment des investissements massifs nécessaires à cette bifurcation. Elle cite l’exemple de l’Allemagne qui consacre « des dizaines de milliards » chaque année pour la transition, alors que la France reste à la traîne.

Une alternative : l’économie de l’offre et de la demande orientée par les besoins

Le groupe LFI à l’Assemblée s’apprête donc à mener la bataille budgétaire non pas dans l’objectif de faire payer la dette aux classes populaires ou de limiter la casse sociale, mais pour promouvoir une politique de « relance sociale et écologique » audacieuse. Sur ce point, elle explique que « la relance ne signifie pas croissance« , ni productivisme ni décroissance non plus, mais le choix des secteurs utiles socialement et écologiquement et ceux qui ne servent que les intérêts de quelques-uns. « Nous sommes pour faire croître certains secteurs et en décroître d’autres comme le nucléaire ou les énergies fossiles ». Elle refuse d’opposer l’économie de l’offre à l’économie de la demande « parce que nous agirons à la fois sur l’offre et la demande. » Elle démontre ce qu’apporterait à la société de forts investissements dans la bifurcation écologique avec entre autres objectifs : 100% énergie renouvelable d’ici 2050, la rénovation thermique des bâtiments ou l’électrification de l’industrie et des transports. Les ordres de grandeur avancés sont significatifs : 34 à 37 milliards d’investissements supplémentaires par an pour la bifurcation écologique, 12 milliards pour la rénovation thermique des logements, 100 milliards de dépenses publiques supplémentaires au total.

Bifurcation écologique et planification

Ingénieure agronome de formation et docteure en sciences économiques, Aurélie Trouvé sait de quoi elle parle. Elle développe également l’importance d’une écologie populaire et la nécessité de changer radicalement les modes de production agricole permettant une meilleure qualité des produits et une augmentation du nombre des producteurs. « On sait le faire » dit-elle en soulignant que sur 400 000 exploitations agricoles, des dizaines de milliers pratiquent déjà la bioagriculture, secteur qui pourraient être largement soutenu par les marchés publics -cantines, hôpitaux et autres institutions. La députée prévient : la transition ne peut pas se faire « contre les classes populaires » qu’elles soient urbaines ou rurales. Elle prend l’exemple des zones à faibles émissions (ZFE), qu’elle rejette dans leur forme actuelle, car elles pénalisent les ménages modestes. Elle insiste sur des mesures sociales d’accompagnement : développement massif des transports en commun et baisse de leurs tarifs, soutien au pouvoir d’achat, orientation de la consommation vers le bio et le local.

Parallèlement, elle appelle à nationaliser des entreprises stratégiques (comme ArcelorMittal), à sortir de la dépendance aux marchés financiers via un pôle bancaire public, et à inverser la répartition de la valeur et les choix de gestion dans l’entreprise en faveur des salarié·es. Au final, démonstration est faite que la France Insoumise n’est pas « anti-entreprises », mais porte une ambition sociale et écologique qui pourrait bien sauver l’économie d’un système actuellement mortifère et destructeur des ressources et du vivant.

La stabilité et la clarté sont de notre côté

L’ensemble s’inscrit dans une logique de planification économique assumée, qu’elle présente comme une garantie de « stabilité et de prévisibilité« . Prenant le contre-pied de l’accusation faite à la France Insoumise de vouloir créer le chaos, la députée démontre que c’est au contraire son mouvement qui incarne la stabilité : « Nous, on propose un nouvel ordre social face au désordre actuel » avec un programme chiffré, cohérent, régulièrement réactualisé. Stabilité et clarté aussi dans les positionnements politiques : à l’opposé des girouettes qui changent en permanence de vote et de programme « Il y a une seule force politique dont on sait ce qu’elle fait par la constance de nos votes des motions de censure, et ce qu’elle veut : notre objectif, c’est le retour aux urnes et une 6e république ».

Les Insoumis n’attendent rien des gouvernements aussi minoritaires qu’éphémères concoctés par Macron. C’est pourquoi la destitution du Président de la République reste une priorité pour sortir de l’impasse politique et économique et passer à une nouvelle république.

Fabien Salasc Primeur du quartier des Beaux-arts - Photo - JPV / PLURIELLE INFO

Suspension d’un primeur aux Beaux-arts de Montpellier : sanction justifiée ou excès de pouvoir ?

Illustration montée des eaux - Photo - Roman Biernacki

Projection à Lattes : « Menaces sur le littoral Languedoc-Roussillon »

Nathalie Oziol députée de l'Hérault Montpellier Janvier 2025 - Photo - JP Vallespir

Nathalie Oziol : « les habitantes et les habitants sont les premiers experts de leur quartier »

Share via
Copy link