[EDITO] Ils ont beau se cacher derrière un « collectif citoyen », ne pas signer leur appel, bénéficier dans Le Singulier d’une illustration en contradiction avec leur intention réelle, on les reconnaît, ces organisateurs d’une marche « contre l’antisémitisme à Sète ».
Laïque se déclare la marche organisée en protestation du vandalisme d’une synagogue, mais elle part d’un autre édifice religieux, la décanale Saint Louis.
La date choisie ? Innocemment, en pleine semaine, un 7 octobre, pour bien la rattacher au massacre perpétré par le Hamas en 2023, alors que ses organisateurs prétendent vouloir « préserver le territoire face aux tensions extérieures » et que le député Lopez-Ligori traite de pyromanes « ceux qui importent le conflit israélo-palestinien ». Le 7 octobre 2023, imposé comme point de départ d’une guerre qui a commencé en réalité dès 1948 avec l’expulsion de 700 000 palestiniens et a été suivie de tant d’annexions, d’agressions, de blocus, de résolutions de l’ONU non respectées , pour justifier un génocide. « On va finir le boulot », a même assuré le Premier ministre israélien Nethanyahu.…
L’objectif enfin : « combattre l’antisémitisme », et plus précisément « protéger la ville de Sète et les autres communes du Bassin de Thau des dérives antisémites qui se multiplient ailleurs en France », ignorant que les actes islamophobes montent en parallèle ( +72% en 2024 d’après le ministère de l’Intérieur) et que les actes racistes non antisémites s’élevaient à 12 000 en 2022 pour un pic de 1 600 actes antisémites en 2024. N’empêche, ces anonymes croisés mettent sur le compte de l’antisémitisme « agressions, meurtres et discours de haine », alors que les derniers meurtres racistes n’ont touché que des musulmans, sans que personne ne s’en émeuvent ici, et que les discours islamophobes sont banalisés dans les médias des milliardaires qui ont tout intérêt à diviser les classes populaires, tandis que les violences sexistes et homophobes explosent sur les réseaux, et pas que… la haine est mieux partagée que les richesses !
Le ton guerrier enfin, si familier aux rantanplans de Debout la France, de Reconquête, du RN, ces preux chevaliers qui prétendent défendre « les juifs », mais les prennent en otage d’une misérable croisade suprémaciste contre d’hypothétiques « grands-remplaçants », ces juifs que leurs pères spirituels avaient envoyés par millions dans les camps de la mort.
Après 2 000 ans d’antisémitisme chrétien, la cause du regain de l’antisémitisme aujourd’hui n’est-elle pas qu’un génocide soit injustement commis en leur nom et en prime, qu’il soit nié ? Nulle justification de l’antisémitisme, ni importation de « tensions extérieures » dans ce triste retournement de l’Histoire, de notre propre Histoire, celle d’un pays qui a participé à la colonisation du Proche-Orient et collaboré avec l’Allemagne nazie : c’est notre commune conscience humaniste qui est à l’épreuve.