Drapeaux sur les mairies : Jean-Louis Roumégas à l’heure du courage politique

22 Septembre 2025 : Jean-Louis Roumégas, Coralie Mantion, Boris Chenaud et Kevin Hoareau hissent le drapeau palestinien - Photo - Jean-Philippe Vallespir
22 Septembre 2025 : Jean-Louis Roumégas, Coralie Mantion, Boris Chenaud et Kevin Hoareau hissent le drapeau palestinien - Photo - Jean-Philippe Vallespir

C’est un moment d’Histoire. Le 22 septembre 2025, à l’heure où Emmanuel Macron s’apprête à reconnaître l’État de Palestine depuis la tribune de l’ONU à New York, la question se répercute jusqu’aux façades des mairies françaises : faut-il ou non hisser le drapeau palestinien ? À Montpellier, le maire socialiste Michaël Delafosse choisit la prudence. Jean-Louis Roumégas, lui, décide d’affronter « l’interdit. »

Le ministère de l’Intérieur, encore tenu par Bruno Retailleau malgré sa démission annoncée, a donné consigne aux préfets : pas de drapeau palestinien sur les frontons. Une injonction censée incarner la « neutralité » des bâtiments publics. Mais une neutralité sélective. En 2022, des centaines de mairies avaient pavoisé aux couleurs de l’Ukraine sans que l’État n’y trouve à redire. De même pour le drapeau arc-en-ciel hissé chaque année à Montpellier lors de la journée mondiale contre l’homophobie.

Pour les opposants à cette interdiction, il s’agit d’un « deux poids, deux mesures » : « quand c’est l’Ukraine ou le drapeau LGBT+, on ferme les yeux ; quand c’est la Palestine, on brandit la neutralité. »

Jean-Louis Roumégas : « c’est un abus de pouvoir »

Candidat écologiste aux municipales de 2026, Jean-Louis Roumégas a hissé un drapeau palestinien sur la place de la mairie aux côtés d’élus et de militants du Printemps montpelliérain. Un geste assumé comme un acte de courage politique. « Dire que hisser le drapeau d’un pays reconnu est illégal, c’est mensonger. C’est un abus de pouvoir. On l’a déjà fait pour l’Ukraine, et pour Israël », dénonce-t-il. Et d’ajouter : « le peuple français ne peut plus entendre ces mensonges. Nous ne respecterons jamais des consignes de ce genre. »

La police est intervenue, procédant à des contrôles d’identité, tandis que la mairie avait fait fermer ses grilles. Une disproportion dénoncée par les élus écologistes présents.

[VIDEO] Interview de Jean-Louis Roumégas et images de l’intervention policière :

La majorité socialiste sur la défensive

Face à ce coup d’éclat, sur le parvis de la mairie, Michaël Delafosse et sa majorité apparaissent en retrait. Leur refus de hisser le drapeau palestinien illustre une ligne jugée plus clientéliste que courageuse. Kevin Hoareau, représentant de Génération·s, pointe « une occasion manquée, un manque de courage, dicté par un ministre de l’Intérieur démissionnaire ». Et c’est presque en catimini, sans inviter la presse, mais par voie de communiqué, que le maire a fait savoir qu’il avait déposé, entouré de ses adjoint·es communistes, de Clare Hart et de la députée socialiste Fanny Dombre-Coste, une plaque au pied de l’olivier de l’Esplanade Charles-de-Gaulle pour saluer la reconnaissance de l’État de Palestine par la France.

Coralie Mantion, conseillère écologiste, rappelle que la reconnaissance de la Palestine était déjà actée en 2014 par l’Assemblée nationale et le Sénat : « enfin le monde occidental se réveille. Mais cette victoire a un goût amer, celui des milliers de morts à Gaza. »

Un symbole politique national

La question dépasse Montpellier. Plusieurs mairies en France (Malakoff, Bezons, Mauléon-Licharre) ont été sommées de retirer les drapeaux palestiniens. Les tribunaux administratifs leur ont donné tort, confirmant l’interdiction.

Dans l’Hérault, le préfet François-Xavier Lauch se retrouve face à un dilemme : appliquer à la lettre les consignes ministérielles ou tolérer une expression locale en phase avec la reconnaissance internationale portée par son ancien patron, Emmanuel Macron ce jour à New York.

La Ville de Grabels a hissé le drapeau palestinien aux côtés du tricolore. Le Préfet de l’Hérault nous a enjoint de retirer ce drapeau, René Revol maintient ce geste symbolique, et a appelé à un rassemblement pacifique dès 18h devant la mairie.

A Sète, les élues d’opposition Laura Seguin et Véronique Calueba étaient aussi devant la mairie au côté de plusieurs dizaines de citoyen•nes décidé·es à marquer l’événement historique de la reconnaissance de l’état palestinien.

Côté de Béziers, c’est toujours l’excès, la surenchère, certains diront la bêtise, avec un mélange savant ou manipulateur des valeurs : « alors que d’autres proposent d’afficher le drapeau palestinien, nous, nous choisissons plus que jamais les couleurs nationales, » déclare Robert Ménard via le compte Facebook de la ville, couleurs auxquelles il s’est permis d’ajouter au centre le chandelier à 9 branches célébrant la fête juive Hanouka, au grand mépris de la loi républicaine.

Rester du bon côté de l’Histoire

Pour Boris Chenaud, référent du mouvement L’Après dans l’Hérault, l’action montpelliéraine s’inscrit dans une dynamique internationale : « en Italie, en Espagne, les dockers bloquent les ports pour empêcher l’envoi d’armes à Israël. Ici, nous exprimons notre solidarité de manière symbolique. »

En France comme à Montpellier, ce 22 septembre restera comme une journée où un ministre de l’Intérieur en campagne pour les prochaines présidentielles de 2027 sème le trouble face à un État français qui reconnaît officiellement la Palestine, mais qui interdit d’en manifester la solidarité sur ses mairies.

Jean-Louis Roumégas et le Printemps montpelliérain ont voulu combler ce vide. « Restons du bon côté de l’Histoire », conclut Kevin Hoareau.

[VIDEO] Conférence de presse Le Printemps montpelliérain ce 22 septembre 2025 :

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