La conférence de presse du 11 septembre à Montpellier a confirmé la solidité du front intersyndical, une configuration devenue rare depuis la mobilisation contre la réforme des retraites de 2023. Tous les représentants ont affiché une unité offensive autour d’un mot d’ordre commun : « les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit », résume Sébastien Boudesocque, secrétaire départemental de la CGT.
Pour les syndicats, l’automne 2025 ouvre un cycle inédit de contestation. Déjà plus de cinquante appels à la grève ont été déposés, tous secteurs confondus. « Depuis plus de dix ans que je milite, je n’ai jamais vu une rentrée sociale avec autant d’engouement », souligne Sébastien Boudesocque. La première action est annoncée : un tractage intersyndical lundi 15 septembre au rond-point Mermoz.
Les revendications portent sur trois axes : retrait définitif de la réforme des retraites de 2023, revalorisation des salaires et du point d’indice dans la fonction publique, abandon des mesures jugées antisociales.
Les syndicats mettent en avant le déséquilibre entre aides massives aux entreprises et efforts exigés des ménages. Le rapport sénatorial sur les 211 milliards d’euros de subventions publiques, opposés aux 40 milliards d’économies prévues par le gouvernement, sert de référence. Le cas de Carrefour, accusé d’avoir bénéficié de 1,5 milliard d’aides tout en supprimant 37 000 postes, cristallise l’indignation. « Une bonne fois pour toutes, le monde du travail en a marre d’être toujours les vaches à lait », tranche Frank Mary-Montlaur, secrétaire FO de l’Hérault.
Des services publics fragilisés
La santé, l’éducation et la fonction publique sont décrites comme victimes d’une « casse organisée ». Hôpital « malade », éducation nationale « paupérisée », gel du point d’indice, précarité des AESH : le tableau est sombre. « Dans l’éducation, certains personnels sont rémunérés en dessous du seuil de pauvreté », rappelle Stéphane Audebeau (FSU34). Le spectre d’une règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois alimente les craintes d’un « appauvrissement généralisé ».
Une stratégie en deux temps
Tous les syndicats insistent sur la précocité du mouvement. « La grande force de ce 18 septembre, c’est d’intervenir quinze jours après la rentrée scolaire », insiste Stéphane Audebeau. L’objectif est double : réussir massivement la première journée de grève, puis décider de la suite en intersyndicale, avec l’option d’une reconduction. « S’il y a un blocage du pays, il ne pourra se faire que par la grève », rappelle Gilbert Fouilhé (FO).
Le jeudi 18 septembre 2025, les principales organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU, Solidaires) appellent à une journée nationale de mobilisation, incluant grève et manifestations, pour protester contre le projet de budget 2026 du gouvernement.
— PLURIELLE INFO (@Plurielleinfo) September 11, 2025
Une rupture politique affichée
Le changement de Premier ministre, après la démission de François Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu, n’a pas convaincu. « Macron nomme des Premiers ministres interchangeables pour appliquer la même politique », note Julien Frayssinhes (Solidaires). Les syndicats y voient une continuité macroniste jugée sourde à la contestation sociale.
Au-delà des revendications salariales : un front social et politique de contestation du macronisme
L’analyse politique se précise, ce n’est pas seulement un conflit sur les salaires ou les retraites. L’intersyndicale dénonce un budget 2026 perçu comme fiscalement déséquilibré et socialement injuste. Et, la question démocratique s’invite, avec un pouvoir accusé d’ignorer le Parlement comme la rue, malgré l’exaspération croissante du pays.
Dans ce contexte, la mobilisation du 18 septembre prend valeur de test : si la participation est massive, elle pourrait ouvrir une séquence de bras de fer prolongée. L’unité intersyndicale retrouvée confère une légitimité particulière au mouvement, qui pourrait dépasser le seul cadre revendicatif pour devenir un front social et politique de contestation du macronisme. Comme le rappelle Sophie Binet secrétaire générale de la CGT : « il faut un budget qui finance nos services publics ! »
À retenirEn grève et en manifestation le 18 septembre
• Agde 10h, mairie
• Bédarieux 10h30, maison des syndicats
• Béziers 10h30, bourse du travail
• Clermont-l’Hérault 10h30, allée Salengro
• Ganges 18h, mairie
• Montpellier 10h30, place Albert 1er
• Sète 10h30, place de la mairie
