Climat or not climat ? Telle est la question de ce PLUi dans la métropole de Montpellier

Métropole de Montpellier PLUi climat habitants sacrifés - Photo - JPV PLURIELLE INFO
Métropole de Montpellier PLUi climat habitants sacrifés - Photo - JPV PLURIELLE INFO

Mi-juillet 2025, il est impossible de dire si la métropole de Montpellier est apaisée et unie. Dans leur hémicycle climatisé, les élu·es vont passer 2h29 et 45 secondes à échanger sur Plan local d’urbanisme intercommunal dit climat, pour finalement l’adopter sous tension, entre alertes écologiques et frustrations municipales.

Après dix ans de gestation, le PLUi-C de Montpellier Méditerranée Métropole a été adopté mercredi 16 juillet à la majorité, avec 64 pour, 26 contre, 1 abstention et un refus de prendre part au vote. Ce document stratégique est censé encadrer le développement du territoire pour les années à venir, mais il a provoqué de vives réactions parfois à contre-sens ou dans tous les sens.

D’un côté, celleux qui ne souffrent pas de déni climatique dénoncent un plan en décalage avec les urgences écologiques à mettre en place face à l’effondrement du climat, estimant que les engagements concrets en matière de préservation des terres, de lutte contre l’artificialisation ou de sobriété foncière ne sont pas à la hauteur du danger. De l’autre, plusieurs maires de la périphérie regrettent que leurs projets locaux aient été écartés. Entre urbanisation, environnement et équilibre territorial, ce vote acte des postures antinomiques pour l’avenir de la métropole.

« Qu’y a-t-il donc à cacher ? »

L’élue montpelliéraine Catherine Ribot, juriste et conseillère métropolitaine Les Écologistes a vivement critiqué les conditions matérielles de transmission du dossier. Elle a dénoncé une démocratie locale à la légère, en usant du délai minimum de cinq jours à peine pour examiner un Plan local d’urbanisme intercommunal aux annexes volumineuses, dont le règlement seul dépasse les 1 300 pages. Envoyée un jeudi à 22h08, la documentation était « parfois sans table des matières, ni pagination. » Derrière cette avalanche tardive de documents, une stratégie d’asphyxie pour empêcher un débat serein semble possible. Elle interroge donc : « qu’y a-t-il donc à cacher ? » Ce à quoi Stéphane Champay, vice-président répondra : « il n’y a rien à cacher dans le PLUi, rien ! … Et c’est un document important et robuste, donc épais … la preuve que le boulot a été fait par les équipes …. Et le fond du dossier n’a pas été profondément transformé entre l’arrêt et l’approbation, donc votre lecture du 8 octobre n’est pas très différente de celle d’aujourd’hui. »

Mais pour Celia Serrano, conseillère d’opposition « ce PLUi climat qui n’a de climat que le nom, vous niez la crise climatique. […] Tout se construit, tout n’est qu’urbanisation. » Idem pour Stéphanie Jannin, Architecte et Docteure en Urbanisme, mais dans un autre registre : « où est cette ambition partagée d’un développement économique responsable tourné vers l’avenir, vers les transitions, vers la création de valeurs utiles au territoire et à ses habitants… comme un pôle de référence dans les énergies renouvelables et les filières liées à la transition écologique, l’idée d’une métropole solaire tournée vers l’innovation énergétique ? »

Une multitude d’interventions marqueront ce conseil de juillet. Certaines pour défendre le texte pour sa capacité à répondre à la croissance démographique en produisant 4 500 logements par an, dont une part significative de logements abordables. D’autres interventions faites par les élu·es d’opposition écologistes, dénoncent un document qui valide la bétonisation de 750 hectares. Alenka Doulain du groupe d’opposition MUPES a critiqué un PLUi qui « reste enfermé dans une logique dépassée, celle de la métropolisation à marche forcée et du développement urbain effréné comme moteur de croissance, grossir ou grandir, vous n’avez toujours pas réussi à comprendre la différence, Monsieur le Président. »

Puis il y a eu le clan des maires qui concentre peut-être les critiques les plus virulentes. Lattes, Castelnau-le-Lez, ou Vendargues ont vu leurs projets d’aménagement exclus du PLUi, à la suite d’avis défavorables de la commission d’enquête publique. Cyril Meunier, maire de Lattes, a tenté de faire reporter le vote. Face au refus du président de la Métropole, il a assumé une sorte de mini fronde : « je n’aurais jamais pensé demander à voter contre le PLUi, jamais de ma vie, jamais. Mais c’est un acte de résistance pour qu’on garde le pouvoir dans nos mairies. » Même tonalité chez Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau, qui alerte sur « un document dont la fragilité juridique n’a jamais été aussi importante », mais qui regrette aussi « ce pacte de confiance des maires que nous sommes encore ici nombreux à avoir signé. Un pacte où la parole d’un maire démocratiquement élu avait plus de poids que celle de commissaire enquêteur nommé, je dirais presque parachuté… »

Face aux frondeurs, Michaël Delafosse a campé sur ses positions : « ce PLUi a été une co-construction, ça n’a pas été simple parfois pour tenir l’objectif du ZAN (zéro artificialisation nette) …et c’est dans le dialogue avec chaque commune que ce document a été élaboré » Malgré les appels au consensus, l’unanimité politique affichée en octobre dernier a volé en éclats. Reste que le document, désormais adopté, pourrait rapidement se retrouver devant les tribunaux.

PLUi « Ce n’est pas un rêve d’avenir, mais le cauchemar… »

Devant le conseil de métropole, citoyennes et citoyens se sont mobilisé·es pour partager toutes leurs inquiétudes Le collectif Urbanisme et Citoyens a jugé le document précipité et déconnecté des réalités du territoire. « Il n’écoute pas les habitants et ignore les problématiques d’inondation, de pollution, de circulation », dénonce Alain Heyraud, secrétaire du collectif, qui appelle à une prise en compte réelle des enjeux environnementaux.

Le président, Hubert Barkate, aurait aimé un report du vote « après les élections municipales », il estime que la concertation a été largement insuffisante. « L’enquête publique a eu lieu en février, pendant les vacances, seules sept communes ont été véritablement consultées. » Réunissant 38 associations, ce collectif se pose en vigie citoyenne face à ce qu’il considère comme un passage en force. « Ce que les élus s’apprêtent à voter, ce n’est pas un rêve d’avenir, mais le cauchemar urbanistique des cinq prochaines années », conclut Hubert Barkate.

[VIDEO] Interview d’Alain Heyraud et Hubert Barkate :

« Les habitants n’ont jamais été écoutés »

À Saussan, la plaine des sports sacrifiée pour un projet immobilier ? C’est la question… Aussi mobilisé·es devant le siège de la métropole de Montpellier, Sandrine Essermeant, présidente de l’association « bien vivre à Saussan » et de nombreux adhérent·es. Iels dénoncent un projet de construction de 70 logements en plein cœur du village, au détriment du complexe sportif communal situé juste en face des écoles. « Ce stade, c’est un bien commun idéalement placé, mais il vaut aussi de l’or pour les promoteurs » déplore-t-elle.

Si le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) présente une « belle plaine des sports » pour Saussan, la réalité serait toute autre. « Le projet de centre-bourg est volontairement dissimulé. L’enquête publique ne porte que sur les équipements sportifs, pas sur les logements », explique la présidente. Faute d’initiative municipale, c’est l’association elle-même qui a organisé les rares réunions publiques. « La métropole se retranche derrière la volonté communale, mais en réalité, les habitants n’ont jamais été écoutés », explique Sandrine Essermeant.

[VIDEO] Interview de Sandrine Essermeant, présidente de l’association bien vivre à Saussan :

Stéphane Herb appelle les citoyen·nes à « s’indigner »

Devant le siège de la métropole de Montpellier, le collectif Latt’Agora organisait un « conseil de métropole alternatif » pour alerter sur un fonctionnement institutionnel jugé verrouillé et antidémocratique. « Toutes les décisions sont prises dans ce bureau central … Ce n’est plus possible », lance Stéphane Herb, référent du collectif, qui s’oppose à plusieurs grands projets : le PLUi climat, la chaufferie CSR à Montpellier et le Contournement Ouest (COM). Ce dernier fait d’ailleurs l’objet d’une enquête publique annoncée en plein été, comme pour passer en catimini « entre le 27 juillet et le 29 août, quand les associations sont ralenties », alerte Stéphane Herb.

Latt’Agora s’inquiète aussi des effets d’une urbanisation galopante au sud de la métropole, avec plus de 8 000 logements prévus à Lattes : « on va doubler la population et sacrifier encore des terres agricoles. Il faut dire stop », insiste Stéphane Herb, appelant les citoyens à « s’indigner » et à refuser « un pouvoir suprême qui n’a plus lieu d’être ».

[VIDEO] Interview de Stéphane Herb, référent du collectif Latt’Agora :

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