Mensonges répétés à l’infini : un crime sans châtiment ?

Gaza, il est désormais impossible de compter les morts - Photo - Hosny Salah
Gaza, il est désormais impossible de compter les morts - Photo - Hosny Salah

Lors du match d’Europe League opposant le 7 novembre dernier l’Ajax d’Amsterdam au Club Maccabi de Tel-Aviv, des affrontements ont opposé des supporters des deux équipes. Ces violences ont causé 30 blessés légers et engendré cinq hospitalisations.Aussitôt, les médias mainstream se déchainent. La plupart de partis politiques, de l’extrême droite à malheureusement une partie de la gauche, sans même avoir vérifié les faits, se joignent à la curée. Leurs propos assassinent ceux qui ont l’audace d’attendre tout simplement d’en savoir un peu plus. Ils dénoncent tout de go les actes antisémites « insupportables au cœur de l’Europe » dont ont été victimes les supporters israéliens. Netanyahou évoque sans hésiter « une nouvelle nuit de cristal ».

LIRE AUSSI : Derrière les “Événements d’Amsterdam”, l’unilatérale et indécente indignation politique

Nuit de cristal, vraiment ?

Rappelons que la Nuit de Cristal, du 9 au 10 novembre 1938, a vu les SA nazies, les Jeunesses hitlériennes se livrer à de véritables pogroms en Allemagne, en Autriche et aux Sudètes. Trente mille Juifs sont arrêtés et envoyés dans les camps de concentration.
Mais au lendemain du match, le chef de la police d’Amsterdam informe que les exactions ont été commises en premier lieu par les hooligans d’extrême droite du Maccabi. Ceux-ci vociféraient des slogans racistes tels que « Mort aux Arabes ! », « Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes !». Mais, cette vérité-là n’est plus bonne à dire : les inconditionnels du soutien indéfectible à Israël deviennent aussi bavards que les carpes.

Concept du soupçon multiple

Il en est de même pour le prétendu antisémitisme de la France Insoumise. Ces militants de la désinformation sont incapables de citer le moindre propos, le moindre écrit antisémite de ses responsables. Furieux d’être bredouilles, ils inventent un nouveau concept, celui du soupçon multiple. Si, affirment-ils, « les personnes soupçonnant la France Insoumise d’être antisémite sont aussi nombreuses, c’est bien là la preuve irréfutable qu’elle l’est.»

C’est comme si, à l’observation d’un tableau blanc, les chiens de garde du néolibéralisme trouvaient des nuances de gris, claires tout d’abord, puis, de plus en plus foncées. Bientôt, ils pourraient clamer sur les ondes et les écrans la vérité révélée : sous sa surface d’un blanc immaculé, le tableau suinte d’un noir profond ! Voilà, c’est ça : sous « la neige » de Claude Monet se cache en réalité un authentique Pierre Soulages !

Il est désormais impossible de compter les cadavres

Vous avez aussi sans doute remarqué qu’on ne meurt étrangement plus à Gaza. Le macabre compteur des morts s’est arrêté depuis la fin de l’été à 43 000. Les bombes israéliennes ne tuent plus qu’au Liban. Elles en ont décidé ainsi. Nos médias aussi.
Pourtant, elles continuent de pleuvoir sur Gaza, mais miraculeusement, elles épargneraient désormais les femmes et les enfants qu’elles massacraient auparavant. La faim ne creuserait plus les ventres, la maladie ne se répandrait plus ?

Malheureusement, le miracle n’a pas lieu. Le carnage continue même si nos journalistes vedettes le réduisent au silence. Un silence de mort, complice. La prison à ciel ouvert d’avant le 7 octobre est devenue un camp d’extermination. En réalité, il est désormais impossible de compter les cadavres, d’une part faute de journalistes sur le terrain et faute d’infrastructure adaptée, d’autre part, parce que les corps sont affreusement déchiquetés.

Peser des morceaux de corps pour évaluer le nombre de morts

Le Dr Nizam Mamod, un chirurgien britannique qui a travaillé à Gaza en août et septembre dernier, témoigne : « les gens de la morgue de l’hôpital doivent peser les parties des corps pour essayer d’évaluer le nombre de personnes tuées ». Au mois de juillet, la revue médicale Lancet estimait le nombre de décès à 186 000. Devi Sridhar, titulaire de la chaire de santé publique d’Édimbourg, a confié au Guardian du mois dernier que si le rythme actuel de décès se poursuivait, il pourrait atteindre le nombre de 335 000 à la fin de l’année. Tous ces crimes de guerre resteront-ils sans châtiment ? Non, il faut que justice soit faite ! Cependant, l’arrêt du massacre génocidaire et la proclamation du cessez-le-feu demeurent l’urgente priorité. La guerre est un fléau qu’il nous faut combattre partout où il sévit, partout où il risque de s’étendre.

Share via
Copy link