Comme l’a annoncé Donald Trump, d’ici quelques années, il sera donc possible de partir en vacances en Israël, dans une nouvelle station balnéaire. Là où, depuis un temps ancestral, habitaient d’insolents Palestiniens.
[Dystopie] Lors d’une trêve en février 2025, les occupants des lieux avaient eu le choix : ou partir en Égypte, en Jordanie ou mourir sur place. Étrangement attachés à leur pays, à la maison où ils étaient nés, ces « animaux humains »*, chassés à de multiples reprises jusqu’au sud de Gaza, avaient décidé en grand nombre de retrouver leurs domiciles, fussent-ils en ruines.
Alors, le nouveau César états-unien avait décidé de châtier les impudents et de finir de les anéantir par le feu du ciel comme jadis à Sodome et Gomorrhe. Oui, il s’agissait bien de finir l’œuvre entreprise : quand il avait imposé sa trêve, le châtiment, qualifié de biblique, avait déjà anéanti près de 400 000 personnes.
Mais, tout cela appartenait désormais au passé. Le génocide était devenu un nouveau détail de l’Histoire. Bien sûr, un mémorial avait été édifié au nord de Gaza en mémoire des 1200 civils et militaires, victimes des crimes de guerre commis par le Hamas le 7 octobre 2023. Mais, au diable, les atrocités et les pénibles souvenirs d’autrefois ! Place au bonheur retrouvé, à la bronzette dans cette juvénile Riviera !
Les millions de tonnes des ruines avaient permis de modifier le relief. Sur les flancs des collines artificielles, les terrasses des résidences offraient à leurs hôtes une vue inoubliable sur la Méditerranée. Partout, le marbre brillait. La jeunesse dorée du monde occidental déambulait sur la promenade Netanyahou. Elle se faisait photographier devant les yachts luxueux des milliardaires tout heureux de faire escale dans ce nouveau paradis fiscal.
Le succès du nouveau lieu de villégiature avait suscité la jalousie du Prince Albert de Monaco. Mais, à la différence de la Principauté, les casinos étaient fermés le samedi en raison du shabbat. Malgré cette restriction, l’argent coulait à flots, comme jadis le sang des Gazaouis. Sur la grand-place de la Liberté, trônait une statue d’Elon Musk, l’un des principaux mécènes de cette nouvelle colonie de vacances. Son bras droit et sa main tendu-es vers le ciel semblaient inviter les avions à larguer leur cargaison de touristes.
Parmi eux, s’était glissé un sinistre troublion, qui s’était immolé par le feu, devant la statue. Longtemps, malgré les flammes qui le dévoraient, il tenait de ses deux mains, une pancarte sur laquelle, il était simplement écrit : Gaza ! Gaza ! Je ne t’oublie pas.
* Expression utilisée le 9 octobre 2023 par Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, pour désigner les Palestiniens.
